Titre : Beloved
Auteur : Toni Morrison
Littérature américaine
Titre original : Beloved
Traducteur : Hortense Chabrier et Sylviane Rué
Éditeur : 10/18
Nombre de pages : 380
Date de parution : Mai 2008, première traduction française 1989, éditée chez Christian Bourgois
Auteur :
Toni Morrison est née en 1931 à Lorain (Ohio), dans une famille ouvrière de quatre enfants. Après L’oeil le plus bleu, elle publie en 1977 Le Chant de Salomon, couronné par le Grand Prix de la critique, qui remporte un énorme succès. Dix ans plus tard, elle reçoit le prix Pulitzer pour son cinquième roman : Beloved. Parce que « son art romanesque, caractérisé par une puissante imagination et une riche expressivité, brosse un tableau vivant d’une face essentielle de la réalité américaine », l’Académie de Stockholm lui a décerné, le 7 octobre 1993, le prix Nobel de littérature. Aujourd’hui retraitée de l’université de Princeton, Toni Morrison a été faite docteur honoris causa par l’université de Paris VII. Home est son dernier roman paru.
Présentation de l’éditeur :
Inspiré d’un fait divers survenu en 1856, Beloved exhume l’horreur et la folie d’un passé douloureux. Ancienne esclave, Sethe a tué l’enfant qu’elle chérissait au nom de l’amour et de la liberté, pour qu’elle échappe à un destin de servitude. Quelques années plus tard, le fantôme de Beloved, la petite fille disparue, revient douloureusement hanter sa mère coupable.
Loin de tous les clichés, Toni Morrison ranime la mémoire et transcende la douleur des opprimés. Prix Pulitzer en 1988, Beloved est un grand roman violent et bouleversant.
Mon avis :
La condition des esclaves noirs à la fin du XIXe siècle dans les États du Sud de l’Amérique ( notamment le Kentucky et la Géorgie) est au cœur de ce roman.
« Ces blancs-là ont pris tout ce que j’avais ou rêvais d’avoir, disait-elle, et aussi, ils m’ont cassé les cordes du coeur. La seule malchance de ce monde, c’est les Blancs. »
Travail pénible dans les plantations du Kentucky, fers au pied dans les tranchées prison de Géorgie, mors aux dents qui vous donnait un sourire éternel, pendaison, crémation, lynchages, viols, utilisation des femmes à la reproduction de main d’œuvre bon marché, classement suivant des caractéristiques animales.
« A la différence d’un serpent ou d’un ours, un nègre mort ne pouvait pas être écorché avec profit ni ne valait son propre poids mort en argent. »
Sethe rejoint Bon Abri, une ferme du Kentucky tenue par les Garner, des Blancs respectueux de leurs esclaves. Marié à quatorze ans à Halle, un esclave noir de la ferme, elle va souffrir dans son âme et sa chair lorsque Maitre d’Ecole vient seconder Madame Garner à la mort de son mari.
Elle parvient à faire fuir ses trois enfants puis à s’échapper après de nombreuses humiliations et violences vers l’Ohio où la famille s’installe à Bluestone Road, chez Baby Suggs, la mère de Halle, affranchie après avoir été rachetée par son fils contre des années de travail.
Ce semblant de liberté où l’on peut décider de ce que l’on fera de sa journée peut très vite se transformer lorsque les chasseurs d’esclaves surgissent dans la cour de la maison de Bluestone Road. Seule la mort peut sauver d’une vie d’esclave.
« Que si je ne l’avais pas tuée, elle serait morte et que je ne l’aurais pas supporté. »
Cette phrase bien étrange montre à quels excès sont poussées les mères de famille pour épargner leurs filles.
Dans la veine des croyances d’un peuple et avec une imagination poétique, Toni Morrison en ramenant Beloved d’entre les morts, montre comment le remords peut finir de détruire une vie.
» Jusqu’à quel point un nègre est-il censé tout accepter? »
Jusqu’où l’amour d’une mère peut-il conduire.
Cette lecture fut pour moi assez laborieuse tant par la dureté des faits que par la construction qui telle la plaie lancinante de l’humiliation et du remords tourne sans cesse dans le passé et dans les brumes d’un entre-deux-mondes.
Cette noirceur et cet acharnement sont toutefois un rappel de faits réels que Toni Morrison se doit de révéler.
Retrouvez l’avis d’Ariane ( Tant qu’il y aura des livres) qui m’a accompagnée pour cette lecture commune.
Commentaires
Ce fut une lecture assez laborieuse pour moi. L’histoire difficile d’abord mais surtout le style très particulier de l’auteur avec lequel je n’ai pas accroché.
Merci pour cette lecture commune et rendez-vous en mai pour la prochaine !
Nous avons donc eu le même sentiment de lecture.
J’ai retrouvé le même type de construction que dans ma récente lecture de Lila mais avec plus de fluidité chez Marylinne Robinson.
je vais essayer de m’y plonger ce mois-ci tout de même!
Je serai curieuse de lire ton avis. Bonne lecture
Je l’avais tenté il y a quelques mois….sans grand succès .
Cela me rassure!
C’est tout de même une référence et cela m’agaçait un peu de ne pas avoir ressenti plus d’affinités.
J’ai préféré Home et Un don.
Même si la lecture n’est pas aisée, tellement imagée, tellement particulière, j’en ai quand même aimé le ton, et je me suis laissé séduire au fur et à mesure des pages. Mais je comprends ton ressenti.
Je ne peux pas être insensible au thème mais j’aurais préféré davantage de fluidité.
C’est peut-être le roman le plus plébiscité de Toni Morrison aux Etats-Unis, mais c’est aussi celui qui m’a le moins séduit… Question de fossé culturel sans doute, les faits évoqués touchant moins directement notre histoire. J’ai largement préféré, entre pas mal d’autres, le Chant de Salomon, bien plus romanesque !
Je n’ai pas lu Le chant de Salomon, je note.
Oui c’est étrange. Beloved est sûrement le plus connu mais je constate qu’il n’est pas le préféré des lecteurs qui s’expriment ici.
Faible représentation, certes mais quasi unanimité.
Je sais que j’ai retenu un livre de cet auteur, mais je ne me souviens plus du titre, je verrai.
D’après ton commentaire, c’est un livre qui ne t’a pas trop séduite, i toi, ni pas mal d’autres
Si j’en crois les commentaires, mieux vaut prendre un autre titre.
Ce roman est magnifique 🙂
Merci pour cet avis plus favorable.
Lecture imposée lorsque j’étais étudiante, ce roman m’avait incitée à l’époque à lire tous les autres livres de l’auteure. J’ai voulu me replonger l’an dernier dans son univers avec « Home » , son tout dernier roman, mais la magie n’a pas opéré cette fois-ci …
Une oeuvre décortiquée par un bon professeur de lettres marque nos souvenirs d’adolescence.
C’est pour moi une vraie grande oeuvre littéraire avec un fantôme qui est celui de l’esclavage. Je l’ai étudié à la fac, ce qui explique sans doute mon engouement. On ne rentre pas facilement dans un tel roman.
Une oeuvre qui gagne sûrement à être décortiquée par un bon professeur de littérature.
J’en garde un bon souvenir, mais c’était il y a des années.
Je pense qu’avec le temps, le souvenir global est positif. Parce qu’il reste en tête le sujet et cette peur intrinsèque à la condition des esclaves. J’oublierai la « complexité » de lecture pour n’en garder que l’essentiel.
ton avis me rassure un peu. Quant à moi, j’ai fait un fiasco total avec Home découvert en livre audio il y a peu.
J’avais préféré Home. Mais peut-être aussi parce qu’il est moins dense.
J’ai fait un essai il y a fort longtemps avec Toni Morrison, (Le chant de Salomon, je crois…) et je n’avais pas réussi à entrer vraiment dans cette lecture. J’ai lu ou plutôt écouté Home plus récemment, et je l’ai trouvé plus accessible. C’est un roman très fort. Je ne choisirai peut-être pas Beloved pour continuer…
Je garde un souvenir très fort de ce roman, je crois que c’est celui qui m’a fait découvrir Toni Morrison que j’aime d’amour…!
C’est une grande dame de la littérature américaine, c’est certain. Beloved n’est pas une lecture facile mais, avec le recul, je me rends compte qu’il marque indéniablement mon esprit.
Le style est ardu, c’est certain. Mais si on l’aborde comme un conte, il me semble que l’on rentre plus facilement dans le livre. Pour moi, c’est une lecture inoubliable, un chef d’œuvre au sens ou le propos et le style sont hors norme et me sont allés droit au cœur… Du coup, pas pu enchainer sur la chant de Salomon, j’avais d’abord besoin de me remettre d’une telle lecture!
Pas facile de l’aborder comme un conte car le réalisme est tout de même assez frappant. C’est peut-être ce qui m’ a paru difficile, de passer de la réalité de la condition noire à l’abstraction du monde des morts. Mais c’est un récit marquant qui s’inscrit effectivement dans ma mémoire.