Titre : La plume
Auteur : Virginie Roels
Éditeur: Stock
Nombre de pages : 315
Date de parution : 2017
Dans la lecture je cherche avant tout la découverte, l’éloignement du quotidien, parfois le moyen de réfléchir sur notre société. Avec La plume, nous plongeons dans le fameux débat actuel sur la morale et la politique. Le roman de Virginie Roels est une satire, le reflet des affaires sordides auxquelles les politiques nous habituent depuis quelques mois.
Ce roman ne va nullement redorer cette fonction, si, toutefois, cela était possible. A tous les étages, président, ministres, conseillers, industriels, les personnages sont foncièrement corrompus, suffisants, magouilleurs. Un poil caricaturés? L’actualité m’en fait douter. En tout cas, du langage au comportement, ils sont de véritables machos détestables. Effectivement, il n’y a pas de femmes parmi les politiques de ce livre. Les femmes sont reléguées au titre de compagne idiote ( comme Catherine Maillet, la partenaire comédienne du Président. Comédienne, chanteuse, cela vous rappelle quelque chose? ), de superbes accompagnatrices pour les cocktails, de prostituées.
Sauf cette journaliste qui fleure le scoop lors du débat télévisé d’entre deux tours de l’élection présidentielle et va nous entraîner sur une enquête ( bien menée) dans les bas-fond du pouvoir.
Jean Debanel, actuel président en chute libre dans les sondages affronte son adversaire » coriace et colérique » Yves Cranchon lors d’un débat auquel assiste un auditoire restreint d’intervenants triés sur le volet par le ministre de l’Intérieur, Tarrand. Un intervenant, Julien le Dantec, étudiant à Nanterre, va pourtant faire trembler et tomber le Président Debanel. Pourquoi? La journaliste semble la seule à le remarquer. En rencontrant un garde du corps évincé suite au débat, elle dresse une liste des proches de l’ancien président curieusement déplacés pendant les six mois précédant ce fameux débat.
Libération d’otages, sujets sensibles sur l’immigration, inauguration d’un pôle multi-culturel en banlieue, le Président a besoin de bons discours pour remonter dans les sondages. La demande du Président descend les étages parmi les énarques auxquels on a appris » à tricher, cacher, prendre des risques » pour atterrir dans un amphi de l’Université où excelle Le Dantec.
Un voyage présidentiel au Maroc en compagnie de deux industriels met le feu aux poudres. Financement illicite de la campagne présidentielle, abus de pouvoir des nababs de l’Industrie pris en flagrant délit avec une enfant marocaine, achat du silence auprès d’Al Zahir, soupçonné d’appartenance au djihadisme, récemment ami avec Le Dantec.
Tout le monde se tire dans les pattes.
» Faites fuiter l’existence de ses comptes au Panama. Balance-le aux chiens, à la presse, à l’opposition! »
En grande journaliste, Virginie Roels mène une enquête d’investigation qui, parfois sous des accents ironiques n’en met pas moins en évidence le cruel problème actuel de la morale en politique. L’auteur emportera l’adhésion des amateurs de romans noirs grâce au rythme du récit et à l’habileté à croiser des trajectoires personnelles de personnages aveuglés par l’attrait du pouvoir.
Personnellement, déjà excédée par les affaires actuelles de la campagne présidentielle, je n’avais pas envie de me retrouver dans ce milieu. C’est peut-être ce qui a aiguisé mon esprit critique.
Si l’enquête est bien menée, que l’auteur maîtrise un style fluide, je déplore le manichéisme des personnages. Ce roman enfonce le clou sur les clichés qui font mal à notre société. L’esprit de la satire y est parfaitement respecté, ce qui n’est pas mon genre littéraire préféré. J’aurais voulu trouver une lueur d’espoir dans ce monde politique de plus en plus corrompu. Réalité ou cynisme, je ne l’ai pas trouvé.
Le sujet n’était pas pour moi, ce qui ne retire rien à la plume.
Commentaires
Je l’ai dévoré en deux jours. Mais, contrairement à toi, j’apprécie les (bonnes) satires et les romans qui se frottent à notre réalité.
A une autre époque, je l’aurais davantage apprécié.
J’ai du mal à accrocher au milieu du showbiz ou de la politique et effectivement les satires n’analysent pas suffisamment les situations. Je trouve cela trop caricatural mais c’est le principe du genre littéraire.
Mais l’auteur a du talent. Je la retrouverais peut-être sur un autre sujet.
A lire après les élections, sans doute.
je paaaaasse !
Oui tu as raison. Toutefois la politique m’intéresse et il y a quelques idées qui traînent ici ou là. Et en tant qu’enseignante, les changements de gouvernement sont sensibles, tant au niveau des forces impulsées et des orientations prises. Ce qui ne change pas par contre ce sont les abus de pouvoir de ceux qui restent en place malgré les élections, indéboulonnables.
En cette période, nous ne pouvons être indifférents à la politique. Malheureusement, les journalistes ont raison de dénoncer l’hypocrisie du système. Il faut parfois toucher le fond pour faire émerger une vraie volonté.