Titre : Un clafoutis aux tomates cerises
Auteur : Véronique de Bure
Editeur : Flammarion
Nombre de pages : 384
Date de parution : 22 février 2017

Ma mère aurait eu quatre vingt dix ans cette année. Elle nous a quitté le 13 novembre 2015, date ô combien dramatique pour de nombreuses familles.
En suivant le journal de Jeanne au fil des quatre saisons de sa quatre vingt onzième année, j’ai passé quelques jours nostalgiques avec ma mère.
Véronique de Bure a dû suivre et aimer une grand-mère pour comprendre avec autant de justesse les pensées d’une vieille dame seule. Avec les joies, les peines, les peurs, les doutes, les espoirs, les moments d’inconscience ou de solitude, j’ai retrouvé les mots de ma mère.

Jeanne vit près de Vichy, à Bert dans un coin isolé où seuls les voisins âgés de soixante-quinze la côtoient chaque jour, où la factrice passe de temps en temps mais de moins en moins souvent depuis que la lettre est tombée en désuétude.
Mais Jeanne ne s’ennuie pas. Il y a la messe du dimanche, les copines avec lesquelles elle jouent au bridge, les mots croisés, les promenades et surtout la facilité d’aller où elle veut avec sa voiture. A cet âge, Jeanne ne craint pas de conduire pour aller faire ses courses et papoter, ou se rendre chez ses copines où elles partagent un déjeuner, une coupe de crémant et un gâteau fait maison.
Et puis, son fils ou sa fille viennent de temps en temps avec ou sans leur famille. Alors, Jeanne prépare des petits plats un mois à l’avance pour mettre au congélateur.
Si rien n’est facile, Jeanne ne se plaint jamais,  » à nos âges, le gris dans la tête peut être fatal. »
Et pourtant, elle , aussi, peut craindre les cambrioleurs même si elle a son alarme, son portable, son bracelet d’alerte.
Elle aussi prend un coup à chaque disparition  » Tout doucement, mon petit monde se dépeuple. Autour de moi, les gens meurent et les maisons se vident. »
Elle aussi, se sent un peu dépassée par l’électronique, pourtant nécessaire à son confort.  » Plus le temps passe et plus je me fais une montagne d’un rien. »
Elle aussi, avec l’isolement, n’a plus beaucoup de sujets de conversation.  » Le souci est qu’à nos âges nous n’avons plus beaucoup de sujets de conversation. Très vite, on tourne en rond. »
Elle aussi, craint l’imprévu.  » J’ai besoin de mes repères, j’aime reconnaître les lieux, mettre des noms sur les visages. »
Elle aussi, est heureuse d’avoir toute sa famille pour les fêtes mais s’isole loin de leurs conversations bruyantes. «  Ça me fait plaisir de les voir, mais tout ce bruit, ce désordre qui s’étend un peu plus chaque jour dans ma maison. »
Elle aussi, parle des « vieux« , oubliant qu’elle en fait partie, quand elle pense à la maison de retraite.
Malgré la perte de leur compagnon, ces vieilles dames restent vaillantes et autonomes, fortes de leurs souvenirs, de leur connaissance des choses de la vie, de la proximité de la nature et des gens. Tant qu’elles peuvent rester chez elles avec leurs repères, faire ce qu’elles aiment, rencontrer des amies avec lesquelles papoter, rire, elles sont vives, enjouées, toujours coquettes.
Lorsque la mobilité décline, que les amies s’en vont, qu’il y a de moins en moins de monde pour parler du même passé, que l’hiver s’installe, que l’on craint de devoir quitter sa maison, il est difficile de grader cette insouciance, cette folie qui maintient en forme. On sent alors derrière les phrases les signes de la solitude et de la fatigue.

Un grand merci à Véronique de Bure pour ce roman qui ne manquera pas de toucher tous ceux qui ont dans leur coeur le souvenir d’une mère ou d’une grand-mère qui nous a tant donné de sourires avec son franc parler et qui, petit à petit nous émeut par sa fragilité et son isolement.

Je remercie Babelio et les Editions Flammarion pour l’attribution de ce livre dans le cadre d’une opération Masse critique spéciale.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

6 avril 2017 à 15 h 47 min

Repéré pour une future lecture, il a l’air touchant.



6 avril 2017 à 17 h 12 min

Il a l’air émouvant et juste ce roman…



6 avril 2017 à 18 h 09 min

C’est beau à 90 ans d’être aussi autonome et lucide ! J’en connais peu et je connais bien le sujet ! 😉



7 avril 2017 à 11 h 59 min

Je sens qu’il est pour moi !



8 avril 2017 à 0 h 25 min

Tu en parles avec beaucoup de douceur, ça donne envie…



9 avril 2017 à 11 h 58 min

J’ai bien fait de l’ajouter à ma liste, on dirait 😉



12 avril 2017 à 9 h 58 min

Bonjour, suite à ta critique au sujet de la lecture de ce livre qui m’intéresse.
Pourrais- tu me le prêter?
Merci
Marie-Pierre



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