Titre : Le cimetière des héros
Auteur : Adrian Lesenciuc
Littérature roumaine 
Titre original : Cimitirul Eroilor
Traducteurs : Raymond Clarinard & Iulia Badea Guéritée
Editeur : Bleu et Jaune
Nombre de pages : 304
Date de parution : 25 janvier 2024

Le destin d’Adam Urman

Adam a perdu sa mère très tôt dans un accident de voiture qui a aussi laissé son père handicapé. Confié à une tante alcoolique, l’enfant est réduit à la mendicité avant d’être placé comme enfant de troupe à l’âge de dix ans. Nous suivrons plus tard son parcours au lycée militaire, mais nous le rencontrons, en début de roman, à l’école supérieure de guerre où lieutenant, il accueille les cadets.
D’emblée, nous plongeons dans cette atmosphère de l’armée où les officiers parachutés et incompétents contraignent les soldats souvent plus intelligents à des ordres absurdes. Les officiers ventrus cachent leur sourire derrière une grosse moustache, emblème du bhéristanais. Qui sont les vrais héros ?

L’armée, le lieu du non sens

Nettoyer les urinoirs avec un lacet, partir en mission avec des mauvaises cartes vieilles de cinquante ans, suivre un planning où les dates n’ont pas été changées d’une année sur l’autre, humilier des soldats, exhumer des corps pour les classer par grades. Voici quelques exemples d’ordres idiots des officiers.
Plusieurs soldats humiliés, harcelés ont préféré mettre fin à leurs jours. Urman n’hésite pas parfois à contredire le commandant Waddamekh ou le général Charahidan, le tyran qui commande l’école. Mais qui peut défier le système ?

Le système

A l’université, Adam s’était déjà frotté aux professeurs en remettant en cause les cours d’histoire. En osant lire d’autres livres à la bibliothèque, il a trouvé la preuve de l’histoire xatrique confirmant que les Blachises, ancêtres des Bhéristanais, ont du sang xatrique. Mais le pays ne veut pas reconnaître ce fait.
En la personne du père Tabahan, Adam constate aussi que l’Église est corrompue. Le moine accepte des pots de vin des nantis, des politiques véreux tout en condamnant les pauvres fidèles .

Ce n’est pas du monde qu’il a créé dont je doute, mais du monde qu’il a quitté trop tôt. De cette place où ce n’est pas la pensée de Dieu qui règne sur la terre de l’homme, mais la pensée de l’homme sur la terre de Dieu.

L’armée, l’université, l’église, tous font partie du système qui humilie les individus au profit de la société. Urman refuse de se « soumettre aux têtes creuses de l’armée » ou « aux canons fixés en fonction des interprétations de la parole de Dieu, prônés par des supérieurs en soutane. »

Le Bhéristan

Le Bhéristan, littéralement le pays des moutons, est un état chrétien et oriental imaginaire, assis au milieu des steppes . C’est une dictature de l’absence de bon sens. Un pays qui ne veut pas connaître son histoire et se soumet au discours de l’État.
Ce roman est une parabole sur le déclin des pays qui perdent leur histoire, remaniée par le pouvoir politique, universitaire ou religieux. Il n’est pas bon d’oublier que la langue et la culture font les peuples.
Entre humour, exagération et vérité, Adrian Lesenciuc met en évidence l’incompréhension et la rebellion de l’individu face à l’absurdité d’un système. C’est en tout cas, mon interprétation de ce roman qui, dans son imaginaire, demeure parfois assez étonnant.

Prix du roman de l’année en Roumanie

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

22 avril 2024 à 14 h 04 min

Je crains qu’il ne soit trop déroutant pour moi, même si la dénonciation de pratiques absurdes, notamment dans l’armée, est très intéressante.



22 avril 2024 à 14 h 23 min

Le propos me plait. Merci pour ce conseil.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *