Titre : La famille
Auteur : Sara Mesa
Littérature espagnole
Titre original : La familia
Traducteur : Delphine Valentin
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 272
Date de parution : 10 avril 2024

 

Le projet de Damian

Issu d’une famille intellectuelle et grand admirateur de Gandhi, Damien a un grand sens de la justice et un projet de vie familiale. Marié à Laura, une catholique modérée issue d’un quartier populaire, il empresse la jeune femme à faire un premier enfant.
Après la naissance de Damian ( le fils aîné porte le même prénom que son père), Laura fait une dépression et entre en résistance contre son mari. Elle ne veut pas de second enfant. Pourtant, contrainte, elle donne naissance quelques années plus tard à Rosa. Le couple accueille ensuite Martina, une nièce orpheline avant la venue au monde du petit dernier, Aquilino.

Martina avait encore du mal à comprendre certaines choses , dans cette nouvelle famille.

Le père fait régner un climat de contrôle, de soumission et de rigueur morale absolue. Tout contrevenant est calmement humilié et remis à sa place. Ainsi, Martina reçoit une leçon de morale quand elle ferme à clé son journal intime. Damian, méprisé pour son surpoids est très influençable. Obligé de collecter des fonds en porte à porte pour l’association de son père, il tremble à l’idée de rentrer bredouille. Seul Aquilino, d’une intelligence remarquable, parvient à vivre sans honte ni culpabilité.
Télé, jeux, appareils ménagers, tout ce qui est en rapport avec le consumérisme sont proscrits. Afin de mieux les contrôler, le père exige que tous restent ensemble dans la salle à manger.

Ils étaient là, soumis en apparence mais terriblement fébriles à l’intérieur, d’une manière qu’ils ne comprenaient pas eux-mêmes.

Le poids de l’éducation

Sara Mesa alterne les épisodes de l’enfance et des tranches de vie des enfants devenus autonomes. Elle illustre ainsi de manière très subtile le poids de l’éducation sur la vie des enfants désormais adultes.
L’ensemble paraît manquer d’unité. Mais l’auteur met ainsi en évidence la difficulté de construire son identité lorsque l’on porte un lourd passé.
Sans violences physiques, le père a façonné leur destin.
Dès les premières pages, l’auteur instille un climat de mystère et cette atmosphère lourde et étrange perdure en arrière plan. Car apparemment et d’ailleurs pour ses voisins, Damian père est un homme respectable. Et c’est toute la finesse de ce livre, montrer que le patriarcat se manifeste amèrement au sein d’une structure familiale.
J’aime beaucoup lire Sara Mesa. Elle met en évidence toutes les formes du patriarcat dans divers univers, toujours avec beaucoup d’ambiguïté et de mystère. Je ne dirais pas comme Mariana Enriquez que La famille est son meilleur roman. Parce qu’ il est difficile de les classer tant ils sont tous très bons. Peut-être une préférence pour Quatre par quatre, sûrement parce que c’est celui qui m’a fait découvrir l’auteur.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires



29 avril 2024 à 16 h 29 min

La violence du patriarcat ne touche pas que les femmes (et ce serait déjà beaucoup!), elle nuit aussi aux hommes au sein des familles. Ce roman semble parvenir à le montrer !



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