Titre : Le vent léger
Auteur : Jean-François Beauchemin
Littérature canadienne
Editeur : Québec Amérique
Nombre de pages : 184
Date de parution : 17 janvier 2024

 

La famille Cresson

Le cresson est une plante herbacée de la famille des crucifères, dont les fleurs ont quatre pétales en croix, et parfois, par exception, six. J’y vois un signe : la famille Cresson de Saint-Elzéar, avec ses six enfants, est une anomalie de la nature.

Le père, homme solide et modeste, travaille dans un magasin de fruits. Il lit Nietzsche et Baudelaire et il chante Bach dans la chorale de l’église.
La mère, lumineuse, inculque un usage poétique de la vie, un émerveillement permanent.
La famille vit dans un coin paisible près de la forêt.
Comment s’étonner de la prédisposition au bonheur de cette petite famille ? Si on ajoute en plus la présence fantomatique du grand-père maternel, un voisin empreint de son livre de sagesse et un bouc chevelu fidèle.
Malheureusement, en cette année 1970 la maladie s’invite dans ce bonheur simple et collectif. Si la beauté environnante les guérissait de tout, comment la famille va-t-elle vivre avec le cancer de la mère.

Un rayonnement spirituel

Léonard, le fils de quinze ans, est le narrateur de cette histoire qui aurait pu être bien sombre  sans la respiration la nature, la force de leurs liens et la lumière de la spiritualité. C’est une histoire de résistance au cynisme, au découragement et au chagrin inévitable. A force d’émerveillement, de compassion et d’amour partagé.
C’est toutefois, un moment de doute et de questionnement sur la vie après la mort, sur la nature de l’âme.

C’est pourquoi je souhaite si vous le le permettez rappeler devant vous cette banalité qui pourtant me paraît bien plus importante que le message biblique : peut-être sommes-nous tous de nature spirituelle, peut-être bien. Mais c’est tandis que nous sommes vous et moi encore bien vivants qu’il faut glorifier cette vie terrestre qui permet d’être les uns auprès des autres dans la simplicité de l’amour et la vérité de l’attachement.

Au fil de cette année qui signe la fin de la douce enfance, les échos de l’actualité montrent que la vie continue. L’auteur égrène des repères, faits de l’actualité des années 70, des instants mémorables, des chansons du moment. Nous ne sommes que des maillons dans une chaîne qui continue à vivre.

Même lorsqu’on la croit terminée, la vie continue toujours. Il y a toujours quelque chose.

Un roman d’une beauté simple, d’une lumineuse humanité qu’il faut lire et relire.

Qu’est-ce qu’une vie réussie ? …
Je considère, dit-elle avec un amour presque inouï, qu’une vie réussie est une vie dans laquelle il y a des enfants, des songes dont on sort difficilement, d’inconsolables peines, de la grandeur, des erreurs profondes comme des graines enfouies dans le sol, une tour, une rue paisible, de la clairvoyance et le sens de l’Histoire, assez de place pour le mystère, de la bonté et quelqu’un à qui parler.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

16 février 2024 à 10 h 34 min

Quelle coïncidence, je viens de lire plusieurs chroniques sur Le roitelet, du même auteur. Celui-ci semble être particulièrement talentueux pour parler de sujets difficiles avec douceur et tendresse.



16 février 2024 à 15 h 26 min

Lire et relire, alors je note ce titre d’un auteur que je viens de découvrir.



Annie-France Belaval
2 mai 2024 à 14 h 57 min

Je lis tout ce que je trouve de JF Beauchemin; je le trouve toujours lumineux, sauf le jour des corneilles.



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