Titre : J’ai péché, péché dans le plaisir
Auteur : Abnousse Shalmani
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 198
Date de parution : 10 janvier 2024

 

La rencontre de deux poétesses

Dans ce roman intense, Abnousse Shalmani croise les destins de deux femmes poétesses.  Toutes deux sont bien décidées à vivre leurs passions, à exercer leur liberté malgré les carcans de leurs époques respectives.
Forough Farrokhzad ( 1934-1967) est une poétesse iranienne, avide de liberté et de sensualité dans un pays où la femme se voile et se soumet. Lors d’une intervention dans une librairie, elle croise Cyrus Amir Maziani, un historien de la poésie, traducteur de l’oeuvre de Pierre Louÿs ( 1870-1925), poète et romancier français. Forough, vingt-et-un ans est subjuguée par son recueil, Les chansons de Bilitis. Elle découvre ainsi Marie de Régnier ( 1875-1963), fille de José Maria de Heredia, poétesse française et grand amour de Pierre Louÿs.

Dès cet instant, elle mesura sa vie à la sienne, chercha à mettre ses pas dans les siens, se cabra devant l’impossibilité d’être libre à Téhéran comme Marie avait osé l’être à Paris; se releva, s’abreuva des transgressions de Marie pour se fracasser contre le mur de la morale persane, se consola et révolutionna la poésie persane sans pour autant parvenir à renverser les mentalités.

La Belle Epoque

Pendant douze ans, Forough et Cyrus, devenus amants, vivent dans l’ombre de Marie et Pierre. Chaque soir, telle Shéhérazade, il lui raconte les amours libertines de Marie en pleine Belle Époque. Aussi, dans  un chassé-croisé rythmé et passionnant, Abnousse Shalmani croise les passions de ces deux poétesses méconnues.
Marie de Hérédia, contrainte d’épouser Henri de Régnier pour éponger les dettes de son père, fait un mariage blanc. Henri accepte de laisser Marie vivre pleinement les désirs de son corps, notamment avec celui qu’elle aime depuis toujours, Pierre Louÿs.
De son côté, Forough épouse à seize ans le cousin de sa mère, Parviz Chapour. Très rapidement, elle comprend que seule ma poésie la comblera. Elle abandonnera mari et enfant pour vivre ses désirs d’émancipation.

L’une se bat pour conquérir ce qui lui résiste ( un homme, un roman, un voyage, un salaire régulier), l’autre ne comprend pas que la résistance n’est pas en elle, mais dans le monde qui l’entoure.

La fougue de la passion

Abnousse Shalmani évoque la sexualité de ses deux héroïnes comme une force et non comme une honte. Forough et Marie ont cette volonté de vivre leur poésie et leurs passions amoureuses en toute liberté. Leur seule différence tient peut-être dans l’amour du père. Si José Maria de Heredia aime sa fille et lui doit d’ailleurs sa survie, Forough n’obtiendra jamais la reconnaissance de son père. Iranienne, elle ne peut se confier à personne, à part son frère et Cyrus.

La solitude des femmes orientales est un désastre civilisationnel.

Dans un grand tourbillon émotionnel, Abnousse Shalmani dévoile les vies de deux grandes poétesses peu connues. Elle nous décrit leurs vies, leurs passions, leurs amours avec beaucoup de fougue, de sensualité. C’est un roman passionnant, incandescent dans lequel se glisse la poésie de Marie, Pierre et Forough.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

belavalflorin
14 février 2024 à 13 h 16 min

Je commence juste ce livre; mais j’ai terminé Le Vent léger: bien mais j’ai préféré le Roitelet.



15 février 2024 à 13 h 04 min

Une lectrice de mon club de lecture ne l’a pas aimé du tout et nous en a dressé un portrait peu flatteur.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *