Titre : Le cheval en feu
Auteur : Anuradha Roy
Lettres indiennes
Titre original : The earthspinner
Traduction : Myriam Bellehigue
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 272
Date de parution : novembre 2023
Sara, loin de son pays
Sara, originaire de l’Uttar Pradesh, fait ses études dans une université anglaise. Avec sa maigre bourse, elle ne peut se permettre aucun excès. Aussi, passe-t-elle son temps libre dans l’atelier de poterie, activité gratuite au sous-sol de l’église.
Là, elle rencontre celle qui sera sa meilleure amie, Karin Wang, une jeune malaisienne excentrique. Mais surtout, elle revit la passion de son enfance apprise auprès d’Elango, un potier hindou avide de rêves.
Elango et le cheval de feu
Fille d’un passionné de géologie et d’une journaliste, Sarayu vit dans une petite zone pavillonnaire de l’Uttar Pradesh. Chaque jour, Elango, potier et conducteur d’un autorickshaw, l’emmène à l’école avec sa soeur Tia et d’autres fillettes. Chaque semaine, il lui donne des cours de poterie.
Elango est un jeune homme rêveur, prompt à perpétuer l’art de son grand-père. Au bord de l’étang, il entreprend de modeler le cheval de feu aperçu dans ses rêves, ce cheval d’argile autrefois fabriqué chaque année à Kummarapet, le village des potiers.
Ce cheval sera aussi le symbole de son amour pour Zohra, une jeune musulmane, fille du calligraphe aveugle.
Mais cet amour est mal vu par la communauté du village et surtout par Akka, une voisine un peu sorcière. En gravant sur le cheval une poésie en ourdou, langue des poètes mais aussi des mollahs, Elango devient la cible des émeutes déclenchées par Akka.
Souvenirs de l’enfance
A cette époque, Sara n’est qu’une enfant. Certes, elle a déjà vécu de telles émeutes suite au match de cricket entre l’Inde et le Pakistan. Mais elle ne voit pas le danger et profite de la présence d’Elango et de son chien Chinna.
Ensuite, elle gardera un sentiment de culpabilité vis à vis d’Elango.
Malgré le sentiment de liberté ressenti en Angleterre, Sara peine à s’intégrer. Elle garde la nostalgie de son pays, et pense souvent à son père disparu.
Vivre ses rêves
Son amitié avec Karin est soumise à quelques épreuves. Elle subit aussi quelques attaques racistes.
Chevauche ton esprit libre et vagabond
jusqu’au ciel.
Sara devra trouver son cheval de feu, peut-être en rendant hommage à Elango. Si la mémoire est défaillante, il faudra modeler le passé.
Remplis les trous. Travaille à partir de la terre que tu trouveras. Un potier sait faire ça.
Anuradha Roy construit un roman sensible à partir des souvenirs d’une jeune fille éloignée de sa famille et de son pays. Un environnement qui l’a pétrie avec ses joies et ses douleurs. L’auteur draine en toile de fond la situation sociale du pays. Émeutes violentes depuis la partition, actes criminels, peur des femmes, expropriations, poids des traditions sont évoqués pour comprendre le destin des personnages. Sara, la présence réconfortante de Chinna, la création artistique, le soutien familial et amical apportent de la douceur et de la tendresse à ce récit douloureux d’un amour interdit puni par l’intolérance d’arrivistes jaloux.
Un roman sensible et éclairé.
Commentaires
Je n’avais pas vu qu’Anuradha Roy avait sorti un nouveau roman. Merci pour l’info donc !
Et bien voilà, il n’y a plus qu’à passer en librairie 😊
Repéré à la fin du Masque et la plume, cité par Jérôme Garcin, ce roman m’attireaussi. Je connais l’autre autrice indienne du même nom de famille.
Je n’ai jamais lu Arundhaty Roy mais entendu parler de son livre Le ministère du bonheur suprême . L’avez-vous lu ?