Titre : Le royaume désuni
Auteur : Jonathan Coe
Titre original : Bournville
Traducteur : Marguerite Capelle
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 496
Date de parution : 10 novembre 2022
Une famille, un pays
Jonathan Coe est le portraitiste par excellence du Royaume-Uni. Aujourd’hui encore plus désuni que dans ce dernier roman avec la disparition de la reine Elisabeth et du départ du fougueux Boris Johnson. Son analyse de la société anglaise se fait toujours par le biais d’une famille de personnages.
Ici, le personnage central, inspiré de la mère de l’auteur, est Mary Lamb. Elle n’est qu’une enfant lors de la fête de la Victoire le 8 mai 1945. Et nous la suivrons, elle et sa famille, jusqu’en mai 2020. Soixante-quinze ans jalonnés par les grands évènements de l’Angleterre, et surtout de la famille royale ( fin de la guerre, couronnement d’Elisabeth, finale de la coupe du monde en 1966, le discours du Prince de Galles, le mariage de Charles et Diana, les funérailles de Diana). Le tout bien senti avec un regard sur la société anglaise, les prémices du Brexit et le confinement lié au COVID.
Une famille représentative
Jonathan Coe choisit parfaitement ses personnages et ses lieux pour radiographier la société anglaise. Mary est née à Bournville, une cité de la banlieue de Birmingham , régie par la société Cadbury, une entreprise qui sera le symbole des contraintes de la commission européenne.
Elle est mariée à Geoffrey, petit-fils d’un allemand, particulièrement effacé et raciste. Ils ont trois fils : Jack fervent nationaliste, Martin marié à une femme noire et Peter qui se découvre homosexuel. Une famille qui aimait se regrouper à chaque sortie d’un film de James Bond qui finalement s’effrite sous ses différences tout comme le pays depuis la disparition de Diana.
Un pays de tradition
Selon l’auteur, l’Angleterre garde la nostalgie de la guerre, ce moment où elle avait l’ascendant sur l’ennemi et était sur le devant de la scène.
On a tendance à trop regarder dans le rétroviseur dans ce pays: on est obsédés par le passé, c’est ça la cause de nos ennuis.
Mary, musicienne et amoureuse de vitesse, s’est un peu ralenti aux côtés de son mari. Elle reste toutefois le pilier de la famille, la garante des traditions. Elle pose éternellement un chocolat Cadbury près de la photo de chacun de ses fils. Bien sûr, comme le pays, elle évolue avec son temps, notamment avec l’apparition de la télévision et avec le destin de ses fils. Elle est le personnage fort de ce roman. A la fin du roman, elle est aussi le symbole de toutes ces personnes âgées isolées pendant la crise sanitaire. Un épisode touchant où l’humanité de l’auteur se révèle particulièrement.
Une saga ambitieuse
Une quinzaine de personnages, soixante-quinze ans d’histoire, le roman est ambitieux. Certes l’enjeu est à la portée de ce grand écrivain. Mais il est finalement plus monotone que Le coeur de l’Angleterre, par exemple.
Et ceux qui, comme moi, ont suivi la série The crown, y retrouveront plusieurs moments similaires et la même ambiance autour de cette famille royale qui émerveille et agace.
Quelques personnages tirent leur épingle du jeu. Mary, le personnage dominant, est particulièrement intéressant. Elle est un repère tout au long de l’évolution de la société. J’ai aussi une tendresse particulière pour Peter et un intérêt particulier pour Martin qui nous guide sur le terrain politique et social.
Commentaires
Presque 500 pages, c’est peut-être la lecture idéale pour les vacances de fin d’année
Pas facile de se concentrer en cette période mouvementée. Mais c’est un roman assez facile à lire
J’aime beaucoup le recul de l’auteur sur les anglais. Je note le titre.
Si vous êtes anglophiles ou curieux, cette lecture est pour vous.
Comme à son habitude, J.Coe nous transmet les émotions de ses compatriotes, en revisitant dans son dernier roman, les basculements décisifs de ces 75 dernières années au Royaume-Uni.
Il nous emporte vers le charme so british, avec son recul, sa lucidité, son empathie et sa cocasserie légendaire.
Comment ce pays, allié pendant la guerre, qui a donné naissance à tant d’innovations, en musique (les Beatles, David Bowie et les Sex Pistols), à la culture européenne en général en gardant leur fair-play inné, a t-il voté pour le Brexit et Boris Johnson ???
Comme toujours avec lui, on est dans le concret, une histoire de famille sur trois générations.
La famille royale est présente comme de bien entendu.
Le récit commence au moment du confinement « covidien », évoque le passé et se termine en 2020.
Depuis le début je suis une fan absolue de ses thèmes, de son écriture et de son style qui me touche, m’apprend et me ravi.
Qu’ajouter encore ?
Qu’il est le seul à décrire l’Angleterre avec autant d’acuité, d’ironie et de tendresse.
Vivement le lire à nouveau.
Bonsoir, j’ai aimé le coeur de l’Angleterre mais celui-ci m’a aussi beaucoup plu. Je ne l’ai pas trouvé monotone du tout. J’ai aimé retrouvé les personnages sur un demi-siècle. Bonne soirée.
Habituée à la série The crown, j’ai eu moins de surprise. Mais cela reste un excellent roman
Bonjour Ce royaume désuni m’a plu autant que Le coeur de l’Angleterre. Mais c’est vrai que certains personnages ne sont pas assez fouillés. On reste à la surface. C’est dommage. Bon dimanche.
L’écriture, la narration sont toujours exceptionnelles. Peut-être ce roman est-il trop ambitieux sur la période et le nombre de personnages. Le personnage de la mère sort du lot