Titre : Mes amis
Auteur : Emmanuel Bove
Editeur : L’arbre vengeur
Nombre de pages : 240
Date de parution : 14 septembre 2015
La vaine quête de l’amitié
Victor Bâton est pensionné de la première guerre. Sans travail, il vivote dans un petit appartement d’un immeuble modeste. Son lit est son havre de paix. Mais une fois levé, après avoir profité de la vue depuis sa fenêtre, il sort arpenter les rues. Ainsi, de son air misérable et triste, il espère rencontrer l’ami qui donnera de la lumière à sa vie.
La solitude me pèse. J’aimerais avoir un ami, un véritable ami, ou bien une maîtresse à qui je confierais mes peines.
Chaque partie est alors consacrée à une rencontre de Victor dans les rues de Paris. C’est la patronne d’un débit de boisson qui le nourrit et l’accueille dans son lit, un homme qui l’invite à manger, un marinier aussi désespéré que lui, un riche voyageur qui tente de le sortir de sa misère sociale, une chanteuse qu’il aurait pu aimer.
Mais chaque fois, Victor ne peut s’empêcher de douter, d’en vouloir trop. Mesquin et misérable, Victor Bâton est un anti-héros, inapte au bonheur.
Un premier roman salué comme un chef-d’oeuvre
Ce premier romand’Emmanuel Bove ( 1898-1945) est construit comme un recueil de nouvelles dont Victor est le personnage récurrent. Chaque partie est le récit d’une rencontre et des émotions qu’elle suscite chez notre héros en quête d’amitié. Le tout dans un Paris de l’après-guerre où le désespoir et la misère dominent.
Victor Bâton n’a que ses espoirs, son imagination pour survivre. Mais la réalité bien souvent différente le ramène sans cesse à sa solitude.
Emmanuel Bove, soutenu par Colette, est un précurseur de l’écriture « blanche » et du nouveau roman. Son style est remarquable. Simplicité de phrase, maîtrise de la conjugaison ( on ne lit plus beaucoup de phrases au subjonctif dans les romans contemporains), peinture sociale efficace sans fioritures ni jugement.
Cette lecture est le dixième titre prévu dans ma liste En sortir 22 en 2022.
Commentaires
Très fort ce texte, à la fois plombé d’un morne désespoir, et plein d’ironie mordante..
Bien résumé en deux expressions
Remarquable bouquin, d’un auteur « oublié », que l’Arbre Vengeur ressuscite. Vous l’avez très bien résumé. Etrange Victor Bâton, singulier et universel. « La Coalition » est aussi un grand livre du même auteur.
Je l’avais acheté suite à vos conseils. Merci pour cette belle découverte. Et je note La coalition