Titre : Pleine et douce
Auteur : Camille Froidevaux-Metterie
Editeur : Sabine Wespieser
Nombre de pages : 224
Date de parution : janvier 2023
Une mosaïque de femmes
Camille Froidevaux-Metterie donne la parole à douze femmes. Elles ont de quelques mois pour Eve, à soixante ou soixante-dix ans pour Nicole et sa soeur, Colette. Lors d’un chapitre qui lui est consacré, chacune s’exprime sur sa condition de femme, sur son lien avec les autres, sur ses angoisses et ses espoirs. Elles sont soeurs, mères, filles, amies ou assistante maternelle comme Jamila. Chacune symbolise une étape de la condition féminine. Si quelques hommes sont dans l’ombre, ils n’ont pas la parole.
Les états de la condition féminine
Avec cette galerie de personnages, l’auteure illustre ce qu’est « être femme ». Sans aucun tabou, on entre dans le registre de la puberté, des règles menstruelles, des relations sexuelles, du harcèlement, du viol, de l’insémination artificielle, de la maternité, du vieillissement, de la ménopause, du cancer du sein, de la solitude. Le catalogue est presque exhaustif.
L’aigreur me semble dominer les états d’âme de ces femmes. Certes les moments féminins choisis ne sont pas simples mais les personnages m’ont paru autocentrées et peu sereines.
D’ailleurs, la fête finale sur la pelouse des urgences se fait sans vraiment se soucier du lieu où d’autres parents vivent l’enfer.
Si il est facile de détester Nicole, la mère acariâtre qui n’a jamais aimé ses trois filles, j’ai aussi ressenti les plaintes de Stéphanie ou de son amie sur le mariage, le désespoir de Laurence, épouse abandonnée en pleine ménopause. Seule Colette, septuagénaire épicurienne, semble comblée et heureuse de son état.
Eve, l’avenir féminin
Eve, malgré son prénom, représente-t-elle l’espoir d’une liberté assumée pour une nouvelle génération ? Pleine et douce, loin des enseignements de matriarches aigries, d’enseignants encore mal à l’aise avec les nouvelles familles.
L’auteure semble montrer l’évolution du dialogue entre mères et filles, la possibilité d’autres structures familiales. Monoparentales avec la figure d’un père intime.
Ce roman plus proche de l’essai ne m’a pas convaincue. Les situations me paraissent assez convenues. Et surtout, ces femmes un tantinet égocentriques, s’embourbent dans leur condition plutôt que de s’en affranchir.
Ma voix est assez dissonante car ce premier roman, fort bien écrit, a séduit plus d’un lecteur. Le style me pousse toutefois à lire cette auteure sur un prochain sujet.
Commentaires
Je suis toujours attirée par les éditions Wespieser, mais là, je ne le sens pas pour moi… J’avais entendu l’autrice en parler (book club de France Culture) mais ton avis m’a éclairée.
Apparemment les autres membres du jury ont beaucoup aimé
Le style ne fait pas tout, hélas. Même si il peut être rédhibitoire.