Titre : Le nom sur le mur
Auteur : Hervé Le Tellier
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 176
Date de parution : 18 avril 2024

Le point de départ

Alors que l’auteur est en quête d’une maison « natale », une maison dans laquelle on peut s’inventer des racines, il trouve une bâtisse aux murs épais dans le hameau de La Paillette à Montjoux dans la Drôme.
A son départ, l’ancienne propriétaire, une céramiste allemande retire de la façade une ligne de petites céramiques. Derrière l’une d’elles, Hervé Le Tellier découvre gravé dans le crépi le nom d’André Chaix.
Après quelques recherches, il découvre que cet homme était un résistant né en mai 1924 à La Paillette et mort en 1944 près de Grignan lors d’une attaque de la 11e Panzerdivision.

André Chaix

Ce livre est un hommage à ce jeune homme, fauché en pleine jeunesse, amoureux de Simone, apprenti céramiste. Refusant l’enrôlement dans le service obligatoire de travail, il rejoint le maquis de La Lance.
En recueillant des documents de la famille, en posant des questions, Hervé Le Tellier honore la mémoire de ce maquisard mort pour la liberté de la France, comme tant d’autres jeunes hommes plus ou moins inconnus. Photos à l’appui, il met en avant sa jeunesse, sa vitalité, son avenir plein de promesse.
Son histoire romanesque percute malheureusement l’histoire tragique du fascisme, du nazisme, l’horreur de la guerre.

Un homme, une époque

Mais l’auteur ne se contente pas de retracer le destin d’André Chaix. Il illumine une époque en évoquant des intellectuels, des résistants et de nombreux films des années quarante comme Jules et Jim, Les enfants du paradis. 
J’ai appris de nombreuses choses comme l’étymologie de l’expression « se faire appeler Arthur » ( cri du soldat allemand ( acht Uhr !) pour rappeler le couvre feu), l’histoire du premier tournage de Titanic par un réalisateur allemand financé par Goebbels.

Tout le monde ou presque peut devenir un bourreau, s’il existe une autorité supérieure pour le décharger de toute responsabilité.

Et surtout il ouvre une riche réflexion sur le pouvoir de la manipulation ( pour rappel, les films The Wave ou I comme Icare). Il nous rappelle aussi comment s’est formé le parti du Front national et nous met en garde contre les dérives sournoises du fascisme.

Cet automne de 1972, alors que je lisais le livre de Primo Levi, un parti était fondé, le 5 octobre exactement, le « Front national »…
On y découvre, libres depuis longtemps, bien des rescapés du radeau nazi : celui qui dépose les statuts, accompagné par un ancien député poujadiste plus présentable que lui et dénommé Jean-Marie Le Pen, s’appelle Pierre Bousquet. Bousquet est l’un de ces trois cents Waffen-SS de la division Charlemagne…
On ne débat pas de telles idées, on les combat. Parce que la démocratie est une conversation entre gens civilisés, la tolérance prend fin avec l’intolérable. Quiconque sème la haine de l’autre ne mérite pas l’hospitalité d’une discussion. Quiconque veut l’inégalité des hommes n’a pas droit à l’égalité dans l’échange.

Une lecture essentielle en cette période électorale qui risque de faire basculer la France.

S’en souvenir : les fascismes marchent plus vite que n’importe quelle démocratie.

 

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

3 juillet 2024 à 10 h 36 min

Je l’ai fait acheter à ma bibliothèque de village, un (tout petit) geste pour diffuser des idées utiles en ces temps sombres. Je le lirai quand il aura un peu circulé.



    3 juillet 2024 à 15 h 38 min

    L’Histoire ne devrait pas être oubliée aussi facilement. Et il est utile que les auteurs fassent quelques piqûres de rappel. J’espère que ce livre sera largement lu dans ta bibliothèque de village.



4 juillet 2024 à 11 h 42 min

Une lecture qui ne me tentait pas, j’avais peur qu’elle soit creuse.



    4 juillet 2024 à 12 h 05 min

    Creuse, non pas du tout. L’auteur s’éparpille parfois mais cela permet d’ouvrir de nombreuses portes. J’y ai beaucoup appris et cela m’a fait réfléchir aussi sur la situation actuelle. A la fin , il y a quelques faits militaires qui m’intéressaient moins mais cela reste rapide.
    Après L’anomalie, je confirme mon intérêt pour un auteur à l’univers narratif atypique.



4 juillet 2024 à 16 h 12 min

L’anomalie m’avait un peu déçue (un point de départ très bien trouvé et un style enlevé mais une intrigue finalement pas très bien ficelée. Ici, cela a l’air plus solide et comme tu le soulignes, ce type de récit est particulièrement précieux ces temps-ci.



    5 juillet 2024 à 6 h 45 min

    Une lecture importante en ce moment.
    L’anomalie est un roman surprenant mais j’avais aimé lire cette originalité audacieuse.
    Beaucoup plus concret ici mais avec toujours cette singularité de construction



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