Titre : Les figurants
Auteur : Delphine de Vigan
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 128
Date de parution : 3 octobre 2024
Une pièce de théâtre
Écrivaine reconnue, Delphine de Vigan aime sortir des sentiers battus. Et le théâtre l’attire particulièrement. Plusieurs de ses romans sont adaptés au théâtre ou au cinéma. Elle-même a adapté en 2022 de Rien ne s’oppose à la nuit avec Elsa Lepoivre.
Avec Les figurants, on reste dans le style minimaliste comme pour ses derniers romans. Et pourtant, quelle joie de découvrir ces personnages, de les voir se dévoiler au fil des pages.
Tout en évoquant le clivage social entre stars et figurants, l’auteur met en lumière les personnages de l’ombre sans lesquels le monde du spectacle ne tournerait pas.
C’est grâce à nous que le cinéma ressemble à la vie.
« Les prolos du cinéma »
Delphine de Vigan choisit de donner un nom à ses figurants contrairement aux stars de ce film tourné sous nos yeux.
Ils s’appellent Orso, Cécile, Bruno, Joyce et Nora. Bien différents mais unis vers un même objectif. Se faire remarquer et décrocher un petit rôle. Orso, un livre à la main est aussi secret que Bruno est hâbleur. Cécile, bavarde, a une certaine expérience tandis que Joyce, plus naïve, s’invente un accent australien pour augmenter ses chances.
Contrairement à La grande actrice ou Le grand acteur, le super-assistant ne leur accorde aucun privilège. Ils doivent attendre le bon vouloir du metteur en scène, n’ont pas droit aux buffets et sont affublés de leurs propres tenues, parfois inappropriées.
Mais il paraît qu’il y aurait un petit rôle à obtenir. Alors, ils acceptent, se plient, se mentent. Certains ne perçoivent même pas le risque de l’utilisation virtuelle de leur photo.
Humour, drame et humanité
Poussées à l’extrême mais avec un accent de vérité, les situations sont parfois comiques. Puis dans l’attente, l’intimité se dévoile. Les masques tombent et chacun laisse apparaître ses peurs, ses drames personnels, ses envies.
Avec ces rebondissements , le texte devient sensible et humain. C’est tout l’art de Delphine de Vigan. Suivre ses personnages avec beaucoup d’empathie pour les rendre vulnérables et beaux.
Les figurants est un bel hommage aux comédiens de l’ombre sans lesquels un film n’aurait pas la même vérité.
