Titre : Rien ne s’oppose à la nuit
Auteur : Delphine de Vigan
Editeur : JC Lattès
Nombre de pages : 437
Date de sortie : août 2011
Résumé :
« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire.
La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires.
Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence.
Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. »
Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.
Mon avis :
J’ai choisi de lire ce livre pour plusieurs raisons. Premièrement, j’apprécie l’auteur pour sa sensibilité et son écriture réaliste. Ensuite, ce roman possède une couverture accrocheuse, une photo de famille qui présente un très joli profil de Lucile, la mère de l’auteur. Ce visage, ce demi-sourire amorcent parfaitement toute l’ambiguïté du personnage. Cette apparence de présence-absence, de sourire triste, de profondeur et de légèreté.
Puis, le titre est magnifiquement choisi, une phrase de Osez Joséphine d’Alain Baschung qui illustre l’impossibilité d’empêcher quelqu’un de tomber dans la nuit.
Certes, avec une telle histoire de famille, il est inévitable d’émouvoir et de passionner le lecteur. Mais, j’ai
particulièrement aimé l’insertion des chapitres sur le rôle de l’écrivain. Delphine de Vigan répète souvent ne pas vouloir romancer, fausser les témoignages. Elle veille particulièrement à rester fidèle à la mémoire. C’est donc avec un grand respect et une affection particulière qu’elle nous retrace les vies mouvementées de sa mère.
» Je n’avais que des morceaux épars et le fait même de les ordonner constituait déjà une fiction. »
Difficile d’imaginer autant de drames, évident de comprendre le basculement de l’âme. Comment peut-on faire face à tant de souffrance? Et pourtant, le courage de Lucile, qui va jusqu’à reprendre des études à près de cinquante ans est admirable.
L’auteur apporte un témoignage sur cette maladie de bipolarité, de bouffées délirantes. Elle évoque Gérard Garouste qui parle aussi de cette maladie dont il est atteint ( voir ma chronique L’intranquille : Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou) dans une autobiographie très émouvante et lucide.
Il me semble que l’auteur a atteint son objectif.
» Car c’est exactement ça : je voudrais rendre compte du tumulte, mais aussi de la douceur. »
C’est un très beau roman, une performance d’auteur. C’est toutefois un récit difficile et sombre (lié au récit mais aucunement au style) qui peut dérouter certaines personnes sensibles. Il vaut mieux ne pas avoir le blues quand on aborde ce genre de roman.
Ce roman a reçu le Prix Fnac 2011.
Commentaires
J’avais beaucoup aimé aussi ce roman très émouvant.