Titre : Les merveilles
Auteur : Viola Ardone
Littérature italienne
Titre original : Grande meraviglia
Traducteur : Laura Brignon
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 380
Date de parution : 22 août 2024

 

Elba, félin né chez les fêlés

Elba porte le nom d’un fleuve de l’Allemagne de l’est. C’est le pays où est née sa mère avant. Installée et mariée en Italie, son mari l’a faite internée suite à un adultère.

Des femmes jugées inadaptées, imparfaites, excentriques, lunatiques, parce qu’elles ne sont pas restées dans la moitié du monde qui leur était réservée. Déclarées folles par un père, un frère, un mari, pour se débarrasser d’une femme dont il ne voulait plus.

Elba est née au Fascione et y a vécu auprès de sa mère jusqu’à son départ chez les bonnes soeurs Gros cul.
A son retour au Fascione, on lui dit que sa mère est morte. Mais elle choisit de rester dans cet hôpital psychiatrique. Elle n’est pas folle. La jeune fille aime les chiffres, surtout les nombres décimaux parce qu’ils sont comme elle : « précis mais incomplet. » Observatrice, Elba rédige son journal des maladies du mental.

Fausto Meraviglia, ami des fous et des félins

En 1982, le Fascione est dirigé par Colavolpe, un psychiatre fervent des méthodes radicales de l’époque. Chaque petit encart d’une pensionnaire est géré par Loupiote qui inflige des électrochocs à tour de bras.
Dès son arrivée, le jeune docteur Fausto Meraviglia applique la psychothérapie. « Le jeunot » change les choses. Il écoute ses patients, leur propose des activités en extérieur, troque leurs robes de chambre contre des vêtements. Et il apporte une attention particulière à la jeune Elba.

Quand on leur propose de faire des choses normales, les fous se comportent comme des personnes saines d’esprit. Et dans des conditions inhumaines, les personnes saines d’esprit deviennent folles.

Une double narration

Elba et Fausto sont alternativement les narrateurs de cette histoire. Avec un regard à la fois triste et espiègle, Elba nous fait découvrir l’hôpital psychiatrique des années 80.
Puis nous retrouvons Fausto bien des années plus tard. A soixante-quinze ans, le vieil homme, toujours aussi taquin et provocateur, triture sa mémoire défaillante. S’adressant au chat ou à Altana ( Voix de l’intelligence artificielle), il nous parle de sa vie de famille et d’Elba qu’il a accueillie dans son foyer. A-t-il porté plus d’attention à cette jeune fille égarée qu’à ses propres enfants ?

Je voulais qu’ils aient les yeux pour la merveille comme pour l’horreur.

La dernière partie portée par un homme vieillissant prêt à s’accorder le liberté de disparaître est particulièrement touchante .

Lu dans le cadre de la quinzaine italienne, Littérature et cuisine italienne chez Eimelle

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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