Titre : Khalil
Auteur : Yasmina Khadra
Éditeur :Julliard
Nombre de pages : 240
Date de parution : 5 septembre 2019
Se mettre dans la peau d’un kamikaze, c’est le pari dangereux de Yasmina Khadra. Il faut des années de recul et une bonne dose de tolérance pour essayer de comprendre ce qui se passe dans la tête de Khalil, envoyé à Paris le 13 novembre 2015.
Partis de Molenbeek avec un chauffeur, deux frères kamikazes chargés de s’immiscer au Stade de France et son meilleur ami, Driss, Khalil bardé d’une ceinture d’explosifs doit faire sauter une rame de métro bondée.
La commande de son gilet étant défectueuse, l’objectif ne sera heureusement pas atteint. Mais Paris est durement touché. Parmi les nombreuses victimes, la nièce de Khalil perd la vie au Bataclan.
« Il n’y a pas de place pour les cas de conscience. »
Rayan, Driss et Khalil sont nés dans le même immeuble en 1992. Si Rayan est parvenu à s’intégrer, Driss et Khalil sont les résultantes de l’aboutissement logique de l’exclusion : frustration, haine puis violence. L’imam, de son ton imprégné de longanimité, n’eut aucun mal à leur faire miroiter la gloire et un monde meilleur.
» La mosquée nous a restitué le RESPECT qu’on nous devait, le respect qu’on nous a confisqué, et elle nous a éveillés à nos splendeurs cachées. »
En remontant aux sources, Yasmina Khadra ne cherche pas les circonstances atténuantes car il ne peut y en avoir pour ceux qui touchent à la vie d’innocents.Mais il détaille le mécanisme, s’attache à montrer comment ça commence, à trouver » à quel moment et sous quelle forme le rejet de toute une société germe en toi. »
Comme dans Embrasements, le roman de Kamila Shamsie qui m’avait aussi interpellée par la violence de son sujet, l’amitié et la famille restent des liens forts. Khalil est particulièrement attaché à sa sœur jumelle ( il est aussi question de gémellité dans Embrasements). Les évènements, la présence de Ryan, les mots de Moka percutent le travail d’endoctrinement des membres du clan terroriste,ouvrant une brèche dans l’esprit du jeune homme.
« Le devoir, Khalil, est de vivre et de laisser vivre. Il n’y a pas plus précieux que la vie et nul n’a le droit d’y toucher. »
Khalil est un roman audacieux, dérangeant. En se mettant dans la peau d’un kamikaze, Yasmina Khadra nous laisse entrevoir le parcours de jeunes gens qui en arrivent à sacrifier leur vie pour semer la mort. Certains seront gênés par l’empathie qui se dégage du personnage. Mais l’auteur ne lui cherche pas d’excuse. Il s’emploie aussi à montrer combien les musulmans de son entourage le condamne. C’est d’ailleurs ce qui induit le doute en l’esprit de Khalil. Il n’en reste pas moins qu’évoquer les attentats du 13 novembre 2015 sous ce biais est douloureux, glaçant et dérangeant. Et il faut toute la culture, l’art et la renommée de Yasmina Khadra pour oser parler de cette insoutenable évènement du point de vue d’un kamikaze.
Commentaires
J’ai aimé mais j’ai trouvé l’auteur finalement assez indulgent avec son personnage, un roman qui m’a un peu dérangée….. 🙂
Oui, c’est ce qui dérange le plus dans ce roman
je l’ai lu il y 2 ans au moins, et je l’ai aimé mais je me souviens qu’il m’avait dérangée…
Sujet délicat
Un auteur qui tourne toujours autour du même sujet. Je me suis lassée.
C’est vrai qu’on le retrouve presque chaque année. D’ailleurs un nouveau roman sort cet été
Ce fut le premier livre de cet auteur et j’ai apprécié ce livre dérangeant
Des livres qui nous aident toujours à appréhender d’autres cultures, d’autres façons de penser. Même les plus dérangeantes.
J’ai de gros à priori sur cet auteur, sans doute à tort. Le sujet est intéressant cependant.
Des sujets critiques surtout sur ses derniers romans
C’est vraiment, vraiment dérangeant.