Titre : Mon petit
Auteur : Nadège Erika
Editeur : Harper et Collins
Nombre de pages : 208
Date de parution : 21 août 2024
Première parution : Livres Agités 2023

 

Prix Harper et Collins Poche 2025

En août dernier, j’ai intégré le jury du Prix Harper et Collins Poche 2025 en catégorie Littérature. Chaque membre du jury doit lire et chroniquer tous les romans de la sélection avant mai 2025, date du vote pour désigner le lauréat.
J’ai déjà reçu quatre livres et je commence mes lectures avec ce court roman de Nadège Erika.

Mon petit

Mon petit, c’est ainsi que la grand-mère bretonne appelait Naëlle, sa petite-fille, la narratrice. Naëlle a un frère aîné et deux soeurs plus jeunes. Il sont les enfants de Jeanne et de quatre pères différents, inconnus. Jeanne est aide-soignante mais elle peine à faire vivre sa famille. Elle loge dans un petit appartement près de la porte de Montreuil. Un appartement où les huissiers viennent régulièrement et où l’électricité et le téléphone sont fréquemment coupés.
Aussi, les quatre enfants vivent toute la semaine chez la grand-mère maternelle à Belleville. Là tout n’est qu’ordre, douceur, politesse et sagesse malgré le logement modeste. Par contre, le week-end chez Jeanne, règnent la liberté, le laisser-aller mais aussi la malbouffe, quand il y a quelque chose à manger.
Le bonheur de Naëlle est de voyager dans les rues de Paris, naviguant entre Belleville et la porte de Montreuil.
Trente ans plus tard, elle revient à Belleville, un quartier gentrifié dont elle fait une description ironique assez savoureuse.

Elle disait toujours qu’à Belleville, les spéculateurs finiraient par expulser les familles les plus modestes et que les dealers feraient le reste.

Et elle se souvient de sa jeunesse.

Une jeunesse perdue

Malgré l’amour de sa grand-mère, Naëlle se cherche. Et elle découvre vite les dangers du métro et de la ville, les failles d’un père absent qui ne la comprend pas. Alors qu’elle tombe amoureuse de Gustave, un fils de famille aisée, on pourrait croire que le conte de fée commence.
Mais elle découvre le mépris de classe et la maternité précoce. Enceinte de jumeaux à dix-neuf ans, elle a une grossesse compliquée.
Naëlle culpabilise de ne pouvoir mener sa grossesse à terme, elle enrage d’être séparée de ses enfants prématurés. Mais elle n’est qu’au début de ses souffrances. A vingt ans, elle sait qu’elle ne sera plus jamais heureuse.
De la nostalgie, la quête de soi, nous passons à la rage.

Un premier roman bouleversant

Avec ce premier roman, Nadège Erika met en lumière la fragilité de ces enfants livrés à eux-mêmes, contraints de grandir trop vite. Pourtant, jamais Naëlle ne reproche quoi que ce soit à sa mère. Sa colère, elle la réserve à ce médecin laxiste qui aurait pu éviter le drame.
Finalement, elle regrette surtout le silence qui entoure ces bébés perdus comme sa soeur, sa nièce ou son fils. Au sein d’un foyer d’accueil, elle aura à coeur d’aider les mères adolescentes et les jeunes en difficulté. Avant d’écrire ce roman. Un premier roman touchant qui ne peut laisser indifférent.

J’écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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