Titre : Second portrait d’Irena
Auteur : Laura Berg
Éditeur : Naïve
Nombre de pages : 144
Date de parution : 6 février 2014
Auteur :
Laura Berg est photographe. Elle vit et travaille à Nantes. Second portrait d’Irena est son premier roman.
Présentation de l’éditeur :
«Cela faisait plusieurs jours que j’essayais de deviner l’allure qu’elle aurait aujourd’hui, que j’essayais de coller ces quatorze dernières années sur son visage. Dans mon esprit, Irena avait toujours vingt ans et derrière mes retouches grossières, derrière mes coups de crayon-feutre, je sentais encore sa jeunesse, l’attraction qu’elle exerçait sur moi.
Je m’approchai d’elle. Elle grignotait à quelques mètres de l’escalier où je me tenais, et même là je n’arrivais pas à repérer ce qui avait changé ; ça passait par des détails si minuscules que je ne pouvais pas les saisir. Je m’attendais bien à quelque chose de ce genre, mais c’est justement ce qui m’avait intimidé chez elle, ce qui m’avait fait perdre mes moyens.»
Lorsque Darius apprend la mort de Zagraw, il doit rentrer en Pologne pour régler sa succession. Il revient dans ce pays qui n’est plus le sien, dans la ville de Poznan qu’il a quittée, et retrouve le froid, la noirceur des après-midi dans le quartier de Solasc. Ce sera l’occasion pour lui de renouer avec son amour de jeunesse, Irena, et de se confronter brutalement à ce qu’il a fui.
Mon avis :
Darius est photographe. Son sujet principal est une jeune femme, Irena. Des photos d’elle, il en a des cartons complets depuis ses seize ans. Au début du livre, c’est encore elle qu’il photographie juste avant qu’elle ne quitte Paris pour retourner en Pologne.
Darius veut l’oublier, il fait le vide. Mais lorsqu’il doit retourner à Poznan quatorze ans plus tard pour la succession de Zagraw, un vieil ami de sa mère, il sait qu’il va retrouver le seul amour de sa vie, Irena.
Ces retrouvailles, il les craint autant qu’il les espère. Le premier contact avec son pays lui donne une impression de saleté, de froid.
» En quatorze ans, j’étais retourné trois fois en Pologne, et j’en gardais le même souvenir, vague, alcoolisé. L’odeur du brûlé dans les rues de Poznan, le crissement des tramways. La neige noire qui s’entasse dans le caniveau et le froid qui s’infiltre sous les portes, sous les vêtements. »
Il retrouve sa famille et cette maison qui a gardé l’habitude d’être ouverte à tous, vestige de cette époque où il fallait remplir la maison pour éviter le réquisitionnent. En cette période de Noël, les gens y viennent pour faire la fête. Dans cette foule et ce flou, Darius ne voit pourtant qu’une seule personne, Irena. Toujours aussi belle,aussi libre, aussi désirable.
Il ne peut s’empêcher de serrer une nouvelle fois ce corps, la fixer encore sur la pellicule. Son image, il sait que c’est la seule chose qu’il pourra garder d’elle.
En photographe, l’auteur parvient aussi avec des mots à donner une aura au personnage d’Irena. Elle est à la fois sensuelle, attirante et vénéneuse.
L’ambiance extérieure de ce pays froid longtemps soumis aux interdictions du régime communiste et de cette maison chaleureuse et accueillante donnent un cadre intéressant à cette histoire d’amour manqué.
Tous les personnages principaux ( Darius et Irena) ou secondaires ( Haruko la locataire asiatique, Mikolaj l’oncle, Malgorza la mère ou le disparu Zagraw) ont une personnalité touchante avec à la fois une force de caractère et une certaine fragilité.
Avec des mots simples, l’auteur nous donne un très beau regard sur un amour, une famille, un pays que Darius a fui mais qu’il porte encore en son âme.
Commentaires
J’ai entendu, sur France Inter, une bonne critique de ce livre
Donc je ne suis pas seule à aimer.
Un premier roman convaincant ? Je note !
Belle note de lecture aussi, Jostein, tu donnes envie de lire ce beau roman, tant mieux.
Merci. C’est important de défendre de bons romans dont on parle un peu moins.