Titre : Du temps qu’on existait
Auteur : Marien Defalvard
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 372
Date de parution : août 2011
Prix de Flore 2011
Résumé :
Cela commence par un enterrement. Cela finit par un enterrement. Entre les deux deux, le mort raconte sa vie. Et quel enchantement !
Des années 1970 à nos jours, toute son entreprise va précisément consister à esquiver la vie et ses contraintes. Et ce jeune, puis moins jeune, puis vieux fils de famille va de maison en maison, de campagne en ville, et d’une ville dans une autre ville, véritable gitan de luxe qui promènera à travers la France sa grande
intelligence offusquée par la vulgarité des temps.
Mélancolique et satirique, virtuose et touchant, voici l’éblouissant premier roman d’un jeune homme qui semble avoir mille ans.
Mon avis :
Habitant en région centre, je ne pouvais pas rater la lecture de ce roman écrit par un jeune prodige orléanais de 19 ans. Prodige par son style littéraire, d’autant plus qu’on apprend qu’il a commencé à écrire ce roman vers 15 ans.
» Je lisais une heure le dictionnaire aux toilettes » nous dit le narrateur. Cela doit être du vécu de l’auteur et a
porté ses fruits car Marien Defalvard connaît et maîtrise les figures de style et le vocabulaire . Il joue avec les mots et les expressions.
» L’air plein de grain à moudre, d’ouvrages sur le métier, de fil à retordre, de chats à fouetter, de fers à battre, de
tabac à priser. »
Le narrateur nous entraîne dans son sillage depuis sa douce vie enfantine à Sacierges, grande demeure et vie bourgeoise qui resteront le regret de sa vie jusqu’aux différentes villes du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest de la France.
» Car quand l’aimée, Sacierges, disparut, elle me laissa incomplet, inassouvi, impréparé même, et l’évidence de sa présence
changera de nature. »
Ses descriptions de Paris, Brest, Strasbourg et Lyon sont d’une grande précision, d’une réalité enrichie des observations des rues, des monuments et des climats.
Il nous dévoile aussi ses rencontres avec Paul Bonhomme ou François qui ajoutent encore du relief à ses villégiatures. Il évoque peu sa famille, ses parents, une de ses soeurs, un des ses frères mais l’on perçoit une faillite familiale, des regrets, des incompréhensions. Le concret est un peu flou dans cette trop grande
volonté de description spatiale.
L’auteur gagnerait à maîtriser davantage ses élans littéraires, fougue de jeunesse peut-être.
Même si je me suis régalée de cette description du jeu de Monopoly sur cinq pages ou des peintures hautes en couleur des villes et des paysages, j’aurais aimé davantage de fond dans l’histoire de sa vie.
Si le lecteur cherche des faits, une histoire, ce ne sera pas vraiment dans ce premier roman. Ici, c’est le style qui prime et le sentiment pessimiste et mélancolique l’emporte.
» J’abusais du passé pour me garder de vivre. »
Ce roman va enthousiasmer certains et en décevoir d’autres. Quant à moi, je reconnais le potentiel littéraire, j’apprécie la richesse du style mais j’espère que la maturité apportera à l’auteur la maîtrise de ses envolées littéraires et lui permettra de nous offrir une histoire plus concrète. C’est indéniablement un auteur à suivre.