Titre : Instruments des ténèbres
Auteur : Nancy Huston
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 409
Date de parution : janvier 1999
Présentation de l’éditeur :
Écoutez, tendez l’oreille. Vous entendrez une de ces variations sur le même thème (celui de la quête de soi) que Nancy Huston affectionne. La première voix serait celle, plaintive et langoureuse, d’une de ces violes galbées du XVIIIe siècle. Elle raconte l’histoire des jumeaux orphelins, Barbe et Barnabé. Le duo, vibrant d’amour l’un pour l’autre, tâche de survivre dans le Berry miséreux de cette même époque. L’autre voix serait interprétée par quelque flûte vénitienne, au son aigre et obstiné. Elle est celle de la narratrice qui, régulièrement, interrompt l’écriture de son carnet intime pour poursuivre celle de son roman, l’histoire de Barbe et de son frère. Son tempo, très contemporain, donne un ton étrange à l’ensemble. Le tout est une sonate infiniment émouvante. L’auteur y explore les fonds ténébreux de ces souvenirs « au formol » qui l’empêchent de naître.
Mon avis :
Dans Instruments des ténèbres, Nancy Huston entrecroise deux histoires de femmes, celle de Barbe, soeur jumelle de Barnabé, nés en 1686 et celle, plus contemporaine de Nadia, rebaptisée Nada.
A 300 ans d’intervalle, il y a tant de parallèles entre ces deux femmes abandonnées.
Barbe a perdu sa mère à sa naissance, elle grandit de maisons en fermes. Elle rencontre toutefois de bonnes personnes comme Hélène mais le sort des femmes, des bonnes est souvent tragique à cette époque. Violée par son patron, elle doit s’enfuir. C’est l’époque de la sorcellerie et le diable n’est jamais loin des destinées difficiles.
Mais quel est le sort de Nadia? Elevée dans une famille nombreuse avec un père violent et une mère fragile, elle traîne aussi la mort de son frère jumeau. Elle aussi, est confrontée à l’infanticide et au peu de compassion de ses partenaires masculins.Ellen’a qu’une seule vraie confidente, Stella, l’amie de sa mère.
A cinquante ans, elle est devenue une écrivaine reconnue et écrit la Sonate de la Résurrection (la vie de Barbe) et en écho, les carnets Scordatura (sa propre confrontation avec ses démons).
C’est un roman sombre qui évoque la condition féminine au travers des époques, la confrontation à la maternité et à la mort.