tejpalTitre : La vallée des masques
Auteur : Tarun Tejpal
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 464
Date de parution : août 2012

Présentation de l’éditeur :
« J’ai été, un jour, un homme de convictions, volontaire et déterminé. Les autres venaient me consulter pour retrouver un ancrage solide quand leurs cœurs et leurs âmes vacillaient. Un jour…
Aujourd’hui, c’est à l’urgence que je dois faire face. »
Au cours d’une longue nuit où il attend ses assassins, d’anciens frères d’armes, un homme raconte son histoire, celle d’une communauté recluse dans une vallée inaccessible de l’Inde, selon les préceptes d’un gourou légendaire, Aum, le pur des purs…

Figure majeure de la littérature indienne contemporaine, auteur de Loin de Chandigarh, Prix des libraires 2007, Tarun Tejpal explore la société des hommes dans son « inhumanité » et entraîne le lecteur dans une fable philosophique et politique puissante, qui s’impose d’ores et déjà comme une lecture incontournable.

Mon avis :
Dès le début de ma lecture, je me suis accrochée au ton, celle d’un vieux sage qui détient un secret. Sa voix, au cours de la nuit, va nous conter une fable, celle de la tribu à laquelle il a appartenu et en laquelle il a eu confiance de nombreuses années.
Certains se laisseront envoûter par l’imagination fantastique de l’auteur qui a imaginé cette société en quête de la vérité et de la pureté. Dans cette secte créée par Aum, avec son disciple Ali, vivent les Wafadar, les Yodha, les Grands Timoniers. On se retrouve au Sérail des Bonheurs fugitifs, au Creuset des Pulsions inéluctables. Tous les noms sont évocateurs et poétiques. Mais le but ultime est de dépersonnaliser les adeptes de cette société en leur donnant un nom de code et même en leur retirant leur visage grâce à un masque, appelé l’effigie. Aum voulait ainsi dénoncer le sentiment d’égoïsme, de capitalisme, de suprématie et de sauvagerie de la société de l’outre-monde.
Mais cet idéalisme entraîne l’exploitation des femmes, le rejet des faibles. L’auteur montre parfaitement le désir d’excellence du narrateur, Karna mais aussi ses périodes de doute.
Derrière cette construction très riche, ce qui m’a intéressée est l’analyse de société, de voir comment une idée, un meneur peut endoctriner des âmes. L’auteur montre les dérives sectaires et l’on pense inévitablement aux dérives de régime totalitaire, aux endoctrinements de mouvements intégristes ou religieux.
 » Ils ont compris que l’homme doué de l’éloquence d’un dieu était souvent désireux de détrôner les dieux. C’est à la suite de cet épisode que le Père Bienveillant a promulgué une loi interdisant aux beaux parleurs d’intégrer le rang des purs. »
J’ai beaucoup aimé la construction du roman qui alterne les récits du passé du narrateur et son attente au cours de cette dernière nuit en outre-monde. Il alterne le spectaculaire du récit personnel avec les réflexions de Karna sur la nature de l’homme.
Tarun Tejpal a ainsi construit une fable, un grand roman qui permet d’avoir une vision éclairée sur le danger de certaines utopies. L’auteur donne à réfléchir et prône l’intérêt du doute en alternance avec la foi.
 » Il est follement présomptueux de croire qu’on peut corriger le monde, et sage de comprendre qu’on ne peut que l’endurer.« 

Je remercie les Éditions Albin Michel pour la découverte de ce roman.

    rentrée 2012 challengeABC2013

Auteur

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