Titre : Potentiel du sinistre
Auteur : Thomas Coppey
Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 215
Date de parution : 6 février 2013
Auteur :
Thomas Coppey est né en 1980. Il grandit en banlieue parisienne puis s’installe à Paris, où il étudie les lettres modernes et les sciences politiques. Ses textes ont été publiés dans les revues Rue Saint Ambroise (2008) et Rouge Déclic (2009, 2010, 2012). Il vit aujourd’hui entre Paris et Le Caire. Potentiel du sinistre est son premier roman.
Présentation de l’éditeur :
Jusqu’à présent, Chanard a mené la vie d’un ingénieur financier sans défauts, celle d’un employé compétent dans sa branche, porté par des valeurs de performance, d’excellence et d’innovation. Aussi, concevoir le schéma financier permettant de miser des capitaux sur les catastrophes naturelles ne lui semble pas extravagant. Devoir attendre qu’un sinistre survienne pour démontrer la pertinence du schéma n’a en revanche rien de confortable. D’autant qu’il faut une catastrophe colossale, qui batte tous les records. Il faut le désastre du siècle. La force et la subtilité de ce roman résident dans la restitution d’un discours. L’auteur démonte avec brio quelques concepts chers au management. Il s’empare de toute une phraséologie d’entreprise, montrant sa froideur rationnelle et sa logique implacable aussi bien que sa propension à déborder du champ professionnel pour imprégner jusqu’à la
vie intime des aspirants à la réussite.
Mon avis :
Ce premier roman s’inscrit dans le monde du travail et plus particulièrement celui d’un jeune ingénieur financier. Marié à Cécile, père d’une petite fille, Chanard parvient à intégrer une grande entreprise, Le Groupe. Il a la fougue et l’ambition de la jeunesse, il rêve de trouver l’idée géniale et porteuse qui le propulsera vers un meilleur poste. L’idée lumineuse de créer un produit financier sur les mégatendances le conduit rapidement à la récompense d’être nommé Talent.
Les mégatendances: « C’est ainsi qu’on appelle un changement portant sur l’économie, la société, la politique ou
l’environnement, dont l’évolution est en général lente et profonde et dont les conséquences se font ressentir sur un large éventail d’activités, de métiers et de connaissance »
Consacrant tout son temps, au détriment de sa famille, à chercher le créneau porteur, il propose d’exploiter les catastrophes naturelles en proposant aux investisseurs des parts de société d’assurance, créant ainsi un fonds pour les réassureurs. Il est difficile de respecter l’éthique sur la communication d’un tel projet.
Propulsé au rang de chef de l’équipe, il complète sa formation avec des cours de management et de pilotage.
Mais l’entreprise moderne est intraitable avec ses employés. La performance est de rigueur, les sentiments ne font pas bon ménage avec le management et les baisses de forme sont intolérables.
A côté, sa femme pénalisée par un congé maternité se voit mise sur la touche et préfère rapidement démissionner et s’occuper de sa famille.
L’auteur parvient à faire converger son style et son histoire en une machine anonyme, implacable. Ainsi, le récit est à la troisième personne ce qui donne une vision extérieure, le nom des entreprises est banalisé mais avec une majuscule ( le Groupe, la Structure…) et les anglicismes du monde de l’entreprise ajoutent ce côté un peu ironique ( Branch Director, back to basics, one to one, cost killer….). On est effectivement en plein cœur du monde de la grande entreprise où les faibles ou les mères de famille sont défavorisés.
L’analyse de l’auteur est fine tant sur le domaine professionnel que sur le plan humain. Sans s’appesantir, il détecte parfaitement les conflits potentiels au sein du couple ou les incompatibilités de l’amitié et du management.
J’ai beaucoup aimé aussi la vision un peu exagérée du couple moderne aisé qui s’attache à des valeurs futiles et défend une certaine éducation. La petite Capucine me semble d’ailleurs trop rapidement mature.
Sous une analyse assez clinique, Thomas Coppey parvient à créer rapidement un climat assez prenant lié à l’inévitable issue de cette machine à broyer qu’est l’entreprise soumise à une obligation de performance.
Je remercie Actes Sud pour la découverte de ce très bon premier roman.
Commentaires
Je trouve ce livre au départ froid et dérangeant,car inhumain. Mais il démontre très bien ce monde de l.entreprise ou les hommes sont broyés et jetés si une contre performance apparaît. Bien écrit et très réaliste.
Je trouve aussi ce livre assez réaliste. Il alerte sur les conditions un peu stressantes d’une performance obligatoire toujours plus forte dans le monde des entreprises. Dommage que ce premier roman n’ait pas eu davantage d’écho. Merci pour ta visite et ton commentaire