Titre : Camille, mon envolée
Auteur : Sophie Daull
Éditeur : Philippe Rey
Nombre de pages : 192
Date de parution : 20 août 2015
Auteur :
Sophie Daull est née dans l’Est de la France. Comédienne, elle vit à Montreuil et travaille partout. Camille, mon envolée est son premier roman.
Présentation de l’éditeur :
Dans les semaines qui ont suivi la mort de sa fille Camille, 16 ans, emportée une veille de Noël après quatre jours d’une fièvre sidérante, Sophie Daull a commencé à écrire.
Écrire pour ne pas oublier Camille, son regard « franc, droit, lumineux », les moments de complicité, les engueulades, les fous rires ; l’après, le vide, l’organisation des adieux, les ados qu’il faut consoler, les autres dont les gestes apaisent… Écrire pour rester debout, pour vivre quelques heures chaque jour en compagnie de l’enfant disparue, pour endiguer le raz de marée des pensées menaçantes.
Loin d’être l’épanchement d’une mère endeuillée ou un mausolée – puisque l’humour n’y perd pas ses droits –, ce texte est le roman d’une résistance à l’insupportable, où l’agencement des mots tient lieu de programme de survie : « la fabrication d’un belvédère d’où Camille et moi pouvons encore, radieuses, contempler le monde ».
« Dans les jours d’après, nous distribuerons tes soixante-dix-sept peluches, une par une ou deux par deux, à des fossés dans les campagnes, à des clairières, à des rochers. C’est joli, ces ours, ces lapins, ces petits chats abandonnés sur les tapis de mousse, prenant la pluie sous les marguerites. »
Mon avis :
» Moi j’ai toujours besoin de parler de toi, de comment t’es plus là, de comment tu me manques, de comment t’étais bonne à l’école. »
Il n’y a pas de nom pour qualifier celui qui a perdu un enfant, pas de mots pour atténuer la peine des proches. Si l’entourage parle du « grand malheur qui vous frappe » au lieu de » la mort de Camille », Sophie Daull a besoin d’écrire les vrais mots pour faire face, pour prolonger la vie de sa fille. » Écrire, c’est te prolonger« , » il faut que tu dures toujours« . Parce qu’il n’y a pas d’endroit où disparaître, parce qu’il faut continuer à faire face à » la terre qui continuait de tourner toute hérissée de sapins enguirlandés », parce que ne venait pas la mort tant attendue, Sophie affronte dans les moindres détails cette épreuve. Elle, qui vingt ans plus tôt a déjà perdu sa mère dans d’affreuses conditions, doit aujourd’hui vivre aussi la disparition de sa fille.
Le récit alterne le souvenir de ces quatre jours d’agonie et des premiers jours de deuils, et le travail de deuil et d’écriture quelques mois après, alors que ce sinistre anniversaire se compte encore en mois.
» Je vais continuer, je te promets, à te raconter tout ça, les devis aux Pompes funèbres, tout ça; tu verras, il y a même un moment comique, ça te fera plaisir. »
Sophie Daull ne fait aucune censure, elle livre sans fioritures ni tabous tout ce qui lui vient en tête, comme si elle voulait maintenir une complicité lumineuse avec sa fille. Et si cela paraît choquant de lire quelques mois après, » il nous arrive d’en rire » ou » on avait peur qu’il nous interdise de picoler« , ces quelques réactions humaines ajoutent du naturel à cet hommage vibrant d’amour. C’est aussi avec cette franchise, cette forme d’humour, cette distance que l’auteur nous touche.
Pour traiter un tel sujet sans tomber dans le larmoiement inévitable, Maylis de Kerangal dans Réparer les vivants choisit l’approche scientifique, médicale, sociale. Sophie Daull reste dans le témoignage mais contient l’émotion en maintenant une complicité naturelle avec sa fille. Camille est jeune et même dans la mort, elle doit garder cette légèreté de la jeunesse.
Du détail, de l’humour enveloppent les « cris de Munch » et les défaillances légitimes et nous tiennent loin du malaise, contiennent l’émotion ( enfin jusqu’à un certain point car j’ai tout de même craqué à la fin). Ce récit élève Camille en un être inoubliable » classe pour l’éternité. »
Il ne faut pas craindre de lire ce livre ( sauf pour les personnes très récemment concernées) car il est certes marquant mais auréolé d’une vibrante relation d’une mère pour son « envolée ».
Commentaires
Je ne pense pas lire ce livre : trop de mes proches ont été concernés par ce sujet.
De même, c’est trop personnel.
Le lire peut aider à mieux soutenir les proches, si toutefois cela est possible. Maintenant, je pense que chaque personne réagit différemment.
C’est un sujet qui me touche de trop près pour que j’ai envie de lire ce roman.
Je comprends parfaitement.
Les mots ont ce pouvoir de nous aider à tenir debout.
Cela semblait essentiel pour l’auteur.
Je l’ai dévoré. Malgré tout, j’étais contente que cela se finisse. Je n’aime pas cette impression de me sentir voyeuse dans ce genre de romans
Est-on voyeur dans ce cas? L’auteur a finalement besoin que les proches nomment la mort, soient le plus naturel possible. Enfin c’est ce que je ressens à la fin.
Tu en parles très bien
Parce que ce livre m’a touchée.
Le thème ne me tente pas du tout.
Merci de ce très beau partage. Livre à suivre donc.
Pas facile d’écrire sur ce sujet.
Voilà tout ce qu’il faut pour me tenter. ….
J’ai réussi à te tenter aussi loin…
A lire avec un paquet de mouchoirs pas loin, donc.
Oui, ça devrait être fourni avec le livre. Je crois avoir vu ça une fois dans une pub.