Titre : Zero K
Auteur : Don DeLillo
Littérature américaine
Éditeur : Actes Sud
Traducteur: Francis Kerline
Nombre de pages : 304
Date de parution : septembre 2017

 

Après une brillante carrière dans la finance mondialiste, Ross Lockhart, septuagénaire richissime n’a plus rien d’autre à s’offrir que l’immortalité. Il a investi des fonds considérables dans la projet baptisé La Convergence qui propose aux riches de ce monde la cryogénie de leur corps et l’espoir de revenir dans un monde meilleur. Cette chance, Ross veut d’abord l’offrir à sa seconde femme, Artis, une archéologue atteinte de sclérose en plaques.

Ross tenait à ce que Jeff, le fils de son premier mariage, soit avec lui quand Artis mourrait. Jeff en a longtemps voulu à son père de les avoir abandonnés, lui et sa mère. C’est sûrement ce qui l’éloigne du monde des affaires, domaine paternel. Plus tard, il a appris à connaître Artis.

Le site de La Convergence, située dans un pays d’Asie, est un lieu froid aux accès protégés, doté de longs couloirs où des écrans diffusent des images de guerre et d’apocalypse. 

«  Dans une certaine mesure, nous sommes ici sur ce site pour concevoir une réponse à la prochaine calamité, quelle qu’elle soit, qui frappera la planète. »

Bien évidemment, seuls les milliardaires peuvent s’offrir la perspective d’une mort immortelle, l’espoir de revenir sur terre quand la science pourra guérir les maladies aujourd’hui incurables.

Espoir sous l’influence de gourous ou de scientifiques. Déséquilibrés ou visionnaires. Si le programme concerne initialement des malades au stade terminal, des êtres sains peuvent se payer ce qu’ils pensent être l’immortalité. Zéro K est le zéro absolu, la température en Kelvin nécessaire à la cryogénisation. Les corps ne sont plus que des enveloppes, des silhouettes dans leurs capsules cryoniques, les organes vitaux dont le cerveau conservés au froid. Les scientifiques envisagent l’insertion cérébrale d’un nouveau langage pour un monde futur.

Ross souhaite ainsi accompagner Artis dans cette échappatoire à la mort personnelle. Son fils parviendra à le faire patienter.

Ce sursis dure le temps d’une seconde partie de ce roman, difficile à intégrer dans le schéma global. Peut-être une autre manière de montrer l’inconsistance et l’ennui de la vie moderne. Nous suivons Jeff dans des moments d’insignifiantes dérives à la recherche d’un emploi, ou en compagnie de son amante, Emma, une jeune divorcée, mère de Stak, adopté en Ukraine à l’âge de cinq ans. Stak est aujourd’hui un adolescent instable qui parie sur les catastrophes, parle le pachtoune avec les chauffeurs de taxi. Sa disparition marquera la fin de la relation avec Emma et le retour vers Ross, cette fois bien décidé à rejoindre Artis. 

Don DeLillo évoque ses thèmes récurrents sur la peur de la mort, les clivages sociaux, le pouvoir des images et des mots. Avec Ross et Stak, l’auteur oppose deux générations. Les plus vieux tiennent à leur corps, ont peur de disparaître; les riches s’offrent une fuite dans l’immortalité.  Les jeunes investissent davantage dans l’âme, n’affrontent les peurs et sont prêts à aller au combat. Jeff semble au milieu du gué. Il se définit davantage dans les mots, cherchant en permanence des définitions ou en voulant à tout prix trouver des noms aux personnages. 

Si la première partie suscite une réflexion intéressante sur l’immortalité, l’ensemble est assez pesant et l’objectif si ambitieux que je crains d’être passée à côté de l’essentiel du roman. Sur le thème du transhumanisme, je préfère le roman de Pierre Ducrozet, L’invention des corps paru lui aussi lors de la rentrée littéraire 2017.

Je remercie Laure de MicMelo de m’avoir accompagnée durant cette lecture. Retrouvez son avis ici.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

23 avril 2018 à 19 h 12 min

Un grand merci pour cette lecture commune, même si elle ne m’a pas enthousiasmée … En te lisant, je ne regrette pas de m’être arrêtée à la fin de la 1ère partie 🙂



23 avril 2018 à 19 h 40 min

Merci pour ta chronique ! J’avais noté Zéro k et L’invention des corps à leur sortie, je me tournerai plutôt vers ce dernier vu ton avis 😉



26 avril 2018 à 13 h 15 min

Une lecture terminée en avance rapide.



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