Titre : L’invention des corps
Auteur : Pierre Ducrozet
Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 304
Date de parution : 16 août 2017

 

Pierre Ducrozet part d’un fait historique réel, le massacre de 43 étudiants à Iguala dans l’État de Guerrero au Sud du Mexique. Son personnage principal, Alvaro, enseigne l’informatique à l’École Normale d’Ayotzinapa, point de départ de la manifestation. Il est avec eux lors de l’attaque armée de la police locale, mais parvient à s’échapper puis à migrer clandestinement aux États-Unis.
«  Le sol a cessé d’être un lieu de droit. L’espace numérique, incorruptible, loyal, devient le seul refuge possible. »
Pour Alvaro, hacker particulièrement doué, l’informatique est le seul espoir de réinsertion. Il rencontre à Los Angeles, Parker Hayes, le fondateur richissime de Cashflow. Ce dernier, ne sachant plus comment utiliser sa fortune rêve de créer une île, pays hors de lois.
«  Quand les Américains se sont arrêtés dans leur conquête de l’Ouest, faute de territoires nouveaux à conquérir, ils ont commencé à envahir le monde. »
Que peut-il manquer à ces milliardaires qui ont pouvoir économique, politique et social? Une seule chose, le pouvoir sur la mort! Au Cube, Parker Hayes réunit les meilleurs chercheurs pour des recherches sur la lutte contre le vieillissement avec la reproduction de cellules souches.
Migrant recherché, Alvaro, en passant la frontière a laissé «  dans le désert son ancienne peau au milieu des os et des yuccas. » Rescapé, il n’a plus rien à perdre et a besoin d’argent.
Il accepte de devenir le cobaye de Parker Hayes, aidé par Adèle Cara, une biologiste française.

«  Si j’écrivais un roman (…), je le construirais ainsi, en rhizome, en archipel, figures libres, interconnexions, hypertextes, car ça devrait être le fondement d’un récit contemporain. C’est une époque merveilleuse, vous savez: notre être peut se développer, comme le réseau qu’il a devant lui, en arbre, en végétal, en pente ou en fontaine. Nous pouvons devenir sauvages, croître, devenir multiples, innombrables. Internet n’est pas une interface, c’est notre désir réalisé d’être un autre, ce sont nos lignes de fuite incarnées. »

Voilà la grande force de ce roman. Un récit contemporain et tentaculaire qui nous entraîne avec rythme et intelligence vers la puissance de science et de l’informatique. L’argent allié aux possibilités de la science autorise toutes les dérives mais les puristes et les surdoués croient toujours aux vertus du World Wide Web. Werner Fehrenbach, né sur les ruines d’un monde, réunit les forces positives avec Lin Dai, un transgenre qui «  a grandi sur un patchwork insensé de matières ». Toutes les têtes brûlées du Net veulent que «  l’intelligence circule de manière fluide » sans que l’argent et pouvoir ne viennent dévier son cours.

L’invention des corps de Pierre Ducrozet, est, pour l’instant, le roman le plus original et puissant tant sur le fond que  la forme que j’ai pu lire en cette rentrée littéraire.
Un roman qui se démarque, sans aucun doute.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

16 août 2017 à 9 h 02 min

Un roman qui m’a aussi beaucoup impressionné, beaucoup de finesse et de rythme là où on pouvait craindre le didactisme et l’éventé.



16 août 2017 à 9 h 46 min

Eh bien vois-tu je ne me serais pas tournée vers ce roman sans ton billet. Alléchée je suis ! 🙂



    16 août 2017 à 11 h 06 min

    J’ai donc bien fait de commencer par ce roman. Si mon article donne envie de le découvrir, tant mieux! Je ne serais pas allée non plus naturellement vers ce livre. Il m’est arrivé spontanément et c’était une très bonne initiative.



16 août 2017 à 21 h 25 min

Comment ne pas le noter avec ce que tu en dis?



eimelle
17 août 2017 à 9 h 27 min

Je vais commencer à faire ma liste d’envies, celui là y figurera sans doute!



18 août 2017 à 21 h 00 min

Encore un roman à ajouter à la liste de mes envies.



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