Titre : Un certain Paul Darrigrand
Auteur : Philippe Besson
Éditeur : Julliard
Nombre de pages : 216
Date de parution : 24 janvier 2019
Avec » Arrête avec tes mensonges », Philippe Besson se lançait dans le roman autobiographique. D’une manière très émouvante, il racontait sa rencontre dans son lycée de Charente avec Thomas Andrieu. Si ce premier amour inspire les thèmes récurrents de ses précédents romans, il est ici livré avec une grande sincérité qui toucha les leceurs. Pourquoi ne pas continuer à jouer de cette complicité en confiant cette fois l’année la plus marquante de sa vie, celle où il cotoya l’amour et la mort.
L’amour, cette fois, il le rencontre dans une université bordelaise en la personne d’un certain Paul Darrigrand, étudiant marié à Isabelle, une jeune infirmière. Et c’est en retrouvant une photo de lui et Paul, prise lors d’un séjour à l’île de Ré en décembre 1988 que Philippe revit cette rencontre avec celui qui l’avait séduit au premier regard.
« Je voudrais tant savoir écrire, écrire exactement, écrire parfaitement, à propos de ça, ces moments, tout ce qui se tenait dans ces moments, écrire à propos d’une certaine lumière tombée un jour à l’oblique sur son visage, à propos d’une odeur dont j’ignorais la composition mais dont je davais qu’elle était la sienne, écrire des gestes qui lui échappaient et qui, instantanément me foudroyaient, je voudrais trouver les mots, les mots justes, absolus, afin qu’on sache ce que j’éprouvais alors mais je ne sais pas, je n’y arrive pas, c’est inexprimable pour moi, avec des mots c’est toujours tellement moins que ce que c’était; voilà la pire des frustrations. Non, je ne sais pas écrire ça. L’écrire comme il faudrait.»
Fause modestie, n’est-ce pas ? Philippe Besson sait parfaitement capturer les olbres, les parfums, les sensations et c’est cela qui me touche dans son écriture, son partage.
Cette année mémorable est aussi celle de la maladie, déjà traitée de manière détournée et romanesque dans Son frère ( Pocket, 2004). En ces années sida, on détecte chez Philippe un taux très bas de plaquettes. Commencent l’angoisse de la maladie, l’attente des résultats, l’incertitude, les nombreux séjours hospitaliers. Puis l’éloignement de Paul, parti à Paris pour un stage de fin d’études. L’intimité des paroles au téléphone devient presque plus dangereuse que celle des gestes.
Face à cet amour ou cette maladie, Philippe Besson éprouve une grande lâcheté, une fragilité. Il a l’impression d’aimer davantage que Paul, de subir quelque chose qu’il ne domine pas. D’une part, il se sent sous l’emprise de Paul à l’opacité troublante et d’autre part impuissant face à la maladie. Et pourtant, cette année que l’auteur rend mémorable avec quelques événements mondiaux ( attentat de Lockerbie, défaite de Lendl, défilé du bicentenaire de la Révolution, Tienanmen…) restera la plus belle année de son existence.
Philippe Besson poursuit avec brio les confidences de sa jeunesse. Toujours avec autant de sincérité et d’émotions contenues. Une recette qui marche mais qui pourrait aussi lasser.
Commentaires
Je suis d’accord avec toi! Ça fonctionne encore très bien, mais il ne faudrait pas que Philippe Besson fasse le livre de trop sur ce sujet!
J’avais beaucoup aimé son précédent ( tu me l’avais prêté, si je me souviens bien); pour autant, s’il surfe toujours sur le même sujet, je risque de moins apprécier celui-là…
Peut-être davantage de repères historiques mais on reste dans la même veine
J’hésitais à lire cette « suite » de peur que la sauce ne prenne plus. A tord.
Toujours bien mais moins de « surprise » qu’avec le premier sur ce thème
J’ai bien aimé ce que j’ai lu de cet auteur. Je vais d’abord lire Arrête avec tes mensonges et je garde celui-ci pour plus tard. Merci pour ce bel avis qui donne bien envie de s’y mettre tout de suite pourtant.
« Arrête avec tes mensonges » est vraiment très bien.
C’est la première fois que je lis cet auteur et pour l’instant j’aime son écriture.
« Arrête avec tes mensonges » est encore mieux.
Je viens de le terminer ce roman, n’ayant pas lu : Arrête avec tes mensonges, j’ai pu découvrir une écriture qui m’a été agréable.
Le train de nuit me séduit mais je vais passer mon tour
Ce n’est pas son meilleur