Titre : Animal
Auteur : Sandrine Collette
Editeur : Denoël
Nombre de pages : 288
Date de parution : 7 mars 2019
La parution d’un nouveau roman de Sandrine Collette est toujours un évènement surtout lorsque le magazine littéraire Lire lui attribue un maximum d’étoiles. J’entame donc cette lecture avec une forte attente.
La patte animale et sauvage de l’auteure est bien là. Au fil des pages, on y trouve l’enfermement du personnage principal dans un passé censuré, la folle randonnée dans une nature hostile, la misère des vies dans les bidonvilles, l’enfance sacrifiée comme si l’auteure prenait toutes les composantes de ses précédents romans en y ajoutant chaque fois un élément. Cette fois, on y ajoute ou plutôt on met l’accent sur la part d’animalité en chacun de nous.
Mara vit seule dans une cabane du début des montagnes au Népal, non loin de la forêt où rodent les tigres. Elle a grandi en ville dans une famille misérable . A la mort de ses parents, elle est placée chez une tante qui la marie à quatorze ans avec un homme plus âgé et violent. Heureusement, bien vite veuve, elle se retrouve seule dans cette cabane abandonnée. Une nuit, elle sauve deux enfants attachés à des arbres dans la forêt. Consciente qu’elle sera recherchée pour ce geste d’humanité, elle part avec les gosses, Nun et Nin dans un bidonville de Pokhara. Nin et Nun, comme tous les enfants pauvres, mendient et traînent dans les rues. Lorsque Nun se fait punir pour un chapardage, Mara décide d’abandonner Nin à l’hôpital de la Croix Rouge afin qu’elle ait un avenir. Et elle rentre se terrer dans sa cabane avec le jeune garçon, handicapé par sa langue brûlée. En les séparant, Mara écorche vifs ces deux jeunes enfants liés par l’adversité.
Vingt ans plus tard, nous partons en chasse avec Lior, une jeune femme à la silhouette fine et nerveuse et au regard sauvage.
« La chasse, elle l’avait dans le sang depuis toujours... »
Avec Hadrien, son compagnon, un couple d’amis, deux chasseurs taiseux et un vieux guide, ils arpentent les terres sauvages du Kamtchatka à la poursuite d’un ours qui se révèle un étonnant tacticien.
« Et si l’ours était réellement plus intelligent qu’eux. »
Au cours de cette chasse mortelle, Hadrien décuple ses forces pour tenter de protéger Lior de cette fascination pour la chasse, de la sauver des dangers auxquels elle s’expose.
Sandrine Collette en profite pour défendre son point de vue contre la chasse et la souffrance animale.
Cette rencontre avec l’ours a ouvert une brèche dans l’esprit de Lior. Elle sait désormais que pour retrouver son passé, elle doit affronter sa peur viscérale des tigres. Elle décide de retourner au Népal avec Hadrien, là où ses parents l’ont adoptée.
Lior est persuadée que le déclic pour retrouver « cette parenthèse des six premières années de sa vie, comme si cela n’avait jamais existé, cette vacuité insupportable. », ce sont les tigres.
Sous les beautés d’un paysage superbe autour de la Pagode de la Paix, le lac Phewa, le Machapuchare, Sandrine Collette nous entraîne dans une escapade interdite au coeur du monde sauvage et de la béance d’une mémoire incomplète.
Toujours proche de la nature, experte pour instiller l’angoisse, Sandrine Collette donne aussi l’impression de parfaitement maîtriser son décor. Que ce soient les vignes de Champagne, la haute montagne, la Patagonie ou le Népal, l’environnement est bien travaillé.
L’héroïne est ici moins attachante, l’européanisation lui a peut-être fait perdre son côté instinctif. En lisant la quatrième de couverture, je m’attendais à une plus forte présence de Vlad, le vieux guide de la chasse à l’ours.
Un bel environnement bien travaillé, du sauvage, de la réflexion, toujours une fin bien spécifique à l’auteur mais moins d’engouement que pour mon roman préféré, Il reste la poussière.
Commentaires
Sandrine Collette est une de mes autrices préférés, j’adore ses romans noirs et je me réjouis de me plonger dans celui-ci ! « Il reste la poussière » est aussi mon préféré pour le moment 😉
Une belle plongée dans le monde sauvage. Belle lecture
Merci !
pas encore lu celui là mais Il reste la poussière est incontestablement mon préféré…
Je pense qu’il le restera mais il faut lire Animal
Flûte, je me faisais une joie de le lire !
En partant avec moins de joie, tu auras une bonne surprise. Un roman de Sandrine Collette, c’est toujours bien.