Titre : Grace
Auteur : Paul Lynch
Littérature irlandaise
Titre original : Grace
Traducteur : Marina Boraso
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 480
Date de parution : 2 janvier 2019

« Nous sommes convaincus que nous décidons de nos vies, mais en vérité nous sommes des vagabonds aveugles qui avancent pas à pas redécouvrant sans cesse leur propre cécité. »

Grace ne décide pas de son avenir. 1845, alors que la famine s’abat sur l’Irlande, Sarah, enceinte de son cinquième enfant, envoie son aînée, Grace, sur les routes pour trouver du travail et surtout échapper aux envies de Boggs. Après avoir profité de la mère, Boggs a reniflé la chair fraîche. Déguisée en garçon, Grace, quatorze ans, n’a pas d’autre choix que d’affronter la solitude des vagabonds et les fantômes de la nuit de Samhain, la nuit des morts.

Colly, son jeune frère s’enfuit contre la volonté de sa mère pour suivre sa sœur. Mais à la première difficulté, il se noie en voulant récupérer un cadavre de mouton, promesse d’un bon repas.

En Irlande, les morts sont parfois aussi présents que les vivants. Tout au long du chemin, Grace continuera à parler avec Colly, à supporter ses devinettes, à reprendre courage grâce à sa bonne humeur.

Sur les routes vers le Sud du Donegal, le chemin est long et difficile. Sur une méprise, Grace parvient à se faire embaucher par un jeune homme pour convoyer un troupeau de vaches avec deux autres garçons. Jusqu’à l’attaque du convoi. Embarquée par une vieille femme étrange, elle s’enfuit seule jusqu’à un chantier de construction d’une route dans la tourbière. Elle travaille comme un homme mais la nature la trahit rapidement attisant les désirs des ouvriers. C’est là qu’elle rencontre, Bart, celui qui sera son protecteur et son compagnon de route.

« Le pays meurt de faim. C’est le merdier partout. »

Bart et Grace, bientôt rejoint par le bavard et intrépide McNut, deviennent des bandits de grands chemins pour survivre. Ils attaquent maisons bourgeoises et voitures.

En arrivant vers Limerick et Newton, le pays est divisé en deux entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien.

« Quand elle voit ces messieurs attablés ou arpentant les rues, elle se dit que ceux-là ont tout reçu à la naissance, alors que nous autres, nous sommes nés dans la pauvreté, et dans la vie tout se résume à ce que l’on est et d’où l’on vient. »

Représailles, épidémie, Grace s’enlise dans le monde des morts. Sauvée par un prédicateur, elle quitte un enfer pour un autre.

« C’est peut-être cela grandir. Apprendre les choses qu’on vous a cachées. Que la réalité du monde réside dans ses mensonges et ses tromperies; dans tout ce que l’on ne peut pas voir, dans tout ce qui échappe à notre connaissance. La voilà, la réalité du monde. Et l’unique bonheur d’une vie est le temps de l’enfance, quand on est encore plein de certitudes. »

Il n’est pas facile d’entrer dans ce roman très sombre et il faut avancer longtemps sur la route avec Grace pour s’imprégner de cette vie, pour apprivoiser les fantômes, pourtant bien plus séduisants que les vivants. C’est le genre de romans que l’on voudrait plus ramassé tout en se demandant en fin de lecture si l’impression finale n’aurait pas été moindre sans tous ces méandres.

Lecture commune avec Mimi. Retrouvez son avis ici.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

31 mars 2019 à 22 h 30 min

Oui, cela me parait un roman fort et xombre. Je ne dis pas non



1 avril 2019 à 13 h 11 min

Un roman qui a l’air sombre, mais passionnant.



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