Titre : Le métier de mourir
Auteur : Jean-René Van der Plaetsen
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 272
Date de parution : 26 août 2020

 

Nous sommes en 1985, auprès d’un check-point de Ras-el-Bayada, une zone tampon en territoire libanais où les soldats sont chargés de préserver Israël des attaques du Hezbollah. En ce lieu où l’attaque terroriste est une menace permanente, nous assistons à la relation naissante entre Belleface, le responsable du check-point et Favrier, un jeune soldat français nouvellement affecté.

Belleface, un surnom que nous comprendrons au fil de l’histoire, est un juif polonais de cinquante-huit ans, rescapé des camps de Treblinka. Peut-on survivre à la Shoah? Ancien légionnaire, retraité colonel de l’armée israélienne, il renonce à son grade pour intégrer l’Armée du Liban Sud. Énigmatique et secret, peu de gens connaissent réellement son histoire et c’est ce qui fascine Favrier, jeune homme incompris de son propre père.

D’ailleurs que fait-il là, ce jeune français? Fuit-il le confort familial, un amour perdu ou honore-t-il la mémoire d’un ami libanais en venant défendre cette terre si belle et chargée de la présence de Dieu? Comprendre Belleface pourrait lui apporter une réponse.

« Un idéal permet de pousser un homme jusqu’au bout de lui-même, jusqu’à ses dernières extrémités – et cela, c’était le territoire même des soldats, et leur quotidien en temps de guerre. »

Mais Belleface ne parle pas de lui, même si  il sent en Favrier ce fils qu’il n’a jamais eu et auquel il pourrait transmettre sa mémoire.

 » Il était bien gentil, ce Favrier, mais il ne connaissait encore rien de la vie. Que pouvait-il savoir, à son âge, de la souffrance? Et du désir de survie – ou plutôt de la nécessité de vaincre? »

Au fil des soirées solitaires et opiacées de Belleface, nous découvrons les périodes de son existence dont il ne parvient pas à tourner la page. La drogue lui permet d’atteindre ses souvenirs les plus enfouis, le drame de son enfance, les horreurs de la guerre au Vietnam aux côtés de légionnaires parfois sortis des rangs des nazis. La vie de Belleface est semée de pertes d’êtres chers. La mort se lit dans les yeux de celui qui n’a jamais tenu à la vie. Qui se souviendra de lui après sa mort?

 » Compter aux yeux d’une personne, cela voulait dire qu’on avait servi à quelque chose lors de notre passage sur terre.  »

Favrier peut-il être cette personne pour le soldat qui ne possède qu’une vieille bible et s’obstine à citer en permanence L’Ecclésiaste.

La rencontre des deux hommes est très belle en ce lieu perdu où le danger est imminent. Malgré un récit plutôt lent et lourd, marqué par l’attente et le poids de la guerre, Jean-René Van der Plaetsen maintient le suspense en ne nous dévoilant qu’au fil de l’eau le mystère qui entoure la vie de Belleface et l’issue que l’on sent tragique de cette rencontre.
L’auteur, ancien casque bleu au Liban en 1985, connaît bien ce milieu. Je ne suis pas très réceptive aux métiers de la guerre même si je comprends et respecte l’engagement de certains, risquant leur vie pour sauvegarder les nôtres. Si les personnages sont très beaux, que nous comprenons les motivations de leur engagement, il n’en reste pas moins qu’il y a au fond d’eux ce besoin de vengeance, ce désir de mort, parfois difficile à accepter.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

7 septembre 2020 à 17 h 40 min

le thème ne m’attire pas forcément à la base, mais pourquoi pas!



8 septembre 2020 à 16 h 33 min

Une lecture très forte, on dirait.



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