Titre : La fracture
Auteur : Nina Allan
Littérature écossaise
Titre original : The rift
Traducteur : Bernard Sigaud
Editeur : 10/18
Date de parution : 18 mars 2021
Suite à des articles de presse assez dithyrambiques, j’avais noté ce roman lors de sa parution aux éditions Tristram en août 2019 mais je n’avais pas eu l’occasion de le lire. Sa sortie récente en format poche était une excellente occasion de combler ce manque. C’était sans compter mon regard toujours dubitatif sur l’univers de la science-fiction.
Plusieurs drames viennent percuter l’adolescence de Selena Rouane dans les années 90. Tout d’abord le suicide d’un enseignant passionné par les carpes koï, le pressentiment d’un divorce de ses parents puis la disparition de Julie, sa soeur aînée. Selena avait bien senti la distance que prenait sa soeur avec sa famille. Autrefois les deux soeurs s’amusaient du même délire en regardant des films de science-fiction ou en détectant des aliens parmi leurs rencontres. Mais Julie est devenue une adolescente instable, apeurée par l’existence des trois noirs.
Un soir, prétextant une soirée chez une amie, Julie se laisse entraîner jusqu’au lac Hatchmere. Malgré les recherches de la police et une enquête minutieuse du père qui l’épuisera jusqu’à la folie puis la mort, la disparition de Julie ne sera jamais élucidée, empêchant ainsi une famille de faire son deuil.
Vingt ans plus tard, alors que Selena travaille dans la bijouterie de Vanda, l’appel d’une jeune femme se disant être Julie vient percuter sa fragile insertion dans le monde des adultes.
Selena avait été définie par la disparition de sa soeur, presque autant que Julie elle-même.
Celle qui se dit être Julie travaille à l’hôpital Christie depuis quelques temps, elle connaît des détails personnels sur l’enfance de Selena. Pourquoi n’a-t-elle pas donné signe de vie plus tôt? La jeune femme raconte une histoire étonnante, surnaturelle sur sa disparition. Elle affirme avoir basculé dans un autre monde, sur la planète Tristrane du système solaire Suur dans la galaxie Aww.
J’y ai reconnu toutefois quelque chose. Un peu de mon propre désir de m’échapper d’une vie pour aller dans une autre, le besoin horriblement douloureux de précipiter le changement.
Au cours de son récit, de manière assez détournée, Nina Allan ouvre toutes les pistes. Des idées viennent et reviennent ( classement de bibliothèque, lac, bijou, poisson-chat…) à différents moments du récit illustrant les failles de la mémoire ou les idées fixes qui s’imposent en miroir dans différentes situations. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis de m’accrocher à cette lecture. Sinon je n’adhérais pas vraiment au style beaucoup trop disert ni bien sûr à cette histoire de fracture dans le tissu espace-temps. Mais l’auteur capte l’intérêt en insérant des références filmographiques , littéraires, en mêlant les supports, articles de journaux, extraits de livres, lettres, définitions. Finalement, peut-être grâce à une référence à La belle au bois dormant, mon esprit rationnel trouve sa piste. Le grand talent de l’auteur est de laisser cette chance à chaque lecteur, à condition de persévérer et de traverser ce qui commence comme un roman sur l’adolescence, enchaîne sur un roman noir, passe par la science-fiction et explore la complexité de la mémoire qui refuse le rappel d’un affreux souvenir.
Je pense toujours que le seul moment où on connaît vraiment un endroit, c’est quand on est môme.
Je ne m’attendais pas du tout à ce genre de lecture et j’ai peiné à entrer dans l’univers et le style. J’ai finalement trouvé mon chemin mais ce ne fut pas un parcours facile et serein.
Je remercie Babelio et les éditions 10/18 pour l’attribution de ce roman lors de la dernière masse critique Mauvais genres.
Commentaires
désarçonnée par ce roman qui m’a laissée sur ma faim 🙂
Il faut sûrement que cette lecture fasse son chemin. Mais à la lecture c’est tout de même assez déroutant
il a l’air assez particulier, à voir!
C’est déjà ça. Parfois on a aussi envie de lire autre chose
Bof… Pas un univers que j’apprécie 😉
Heureusement on peut y trouver autre chose
J’ai beaucoup aimé Complications de cette auteure, dont la narration a des points communs avec celui-ci (la multiplicité des pistes, le jeu sur les genres). D’après ce que j’ai cru comprendre, ce titre n’est pas celui que recommandent en priorité ses habitués, je continuerai donc ma découverte de Nina Allan avec un autre (peut-être La course).
Et rien à voir, mais je m’étais noté de revenir vers Patrice (du blog Et si on bouquinait un peu) et toi pour éventuellement caler une LC de Graham Green (« La puissance et la gloire ») à partir de juin. Es-tu toujours partante ? Je me dis que juin serait pas mal, puisque c’est le mois anglais.
Bon week-end
Tu me donnes envie de continuer avec Nina Allen.
Pour la LC, je l’avais noté en mai mais effectivement autant se caler sur le mois anglais. Je te laisse fixer une date en juin.
D’accord, j’attends le retour de Patrice, et te dis.
Il m’était tombé des mains : rien ne m’avait retenu.
Magique, ce livre de SFFF
D’ailleurs, je n’avais pas vu, avant ton article, qu’un nouveau livre de cette auteur allait paraître chez Tristram. Je vais l’ajouter à mon panorama.