Titre : Ce matin-là
Auteur : Gaëlle Josse
Editeur : Noir sur Blanc
Nombre de pages : 224
Date de parution : 16 janvier 2021
Un matin, tout s’effondre
Clara travaille dans le milieu bancaire, elle vend des crédits. Parfois à de pauvres retraités soucieux de faire plaisir à leurs petits-enfants. Cela lui fend le coeur.
A vingt ans, elle s’apprêtait à devenir professeur de français à l’étranger. Mais l’AVC soudain de son père a bouleversé son avenir.
Aujourd’hui, à trente-deux ans, son équilibre vacille face à la pression de sa cheffe d’agence, la Carabosse.
Une présence qui condamne son interlocuteur, quelque soit le sujet, avant qu’il ait pu répondre.
Thomas, son compagnon, lui reproche de trop donner à son boulot, de toujours être la bonne petite fille qui attend l’approbation de son entourage. Quand il lui propose de vivre ensemble, elle pense que c’est trop tôt. Elle doit déjà gérer sa nouvelle promotion en tant qu’animatrice commerciale.
Mais ce matin-là, sa voiture ne démarre pas et elle craque. Le médecin diagnostique une dépression et l’arrête pour deux semaines.
Les cailloux et les souvenirs
Deux semaines n’y suffiront pas. Clara s’enlise. Thomas n’en peut plus et s’éloigne. Pendant cette longue parenthèse dépressive, les petits cailloux s’accumulent dans sa chaussure.
Toutefois, au fil de ses errances, en entrant dans une église, une librairie, en allant au bord de la mer, les souvenirs affluent. Et ils sont comme des mains posées sur son épaule.
Si elle n’ose appeler son frère depuis qu’ils se sont fâchés pour une histoire de prêt, elle pense souvent à lui. Par contre, elle renoue avec Cécile, son amie de lycée. Installée à la campagne avec son mari agriculteur et ses deux enfants, elle propose à Clara de venir s’y reposer.
Les mots de Cécile, c’est comme si on avait, d’un souffle, écarté la couche de poussière déposée sur sa vie.
C’est là, au contact de la nature, des enfants, des difficultés de la vie d’une exploitation agricole, que Clara va laisser glisser le temps, apprendre à retrouver son chemin.
Entendre Cécile, sa voix posée, a fait passer un courant d’énergie en elle; elle se dit qu’il y a des êtres, comme ça, qui ont ce talent, ce don d’éclairer, d’alléger la vie de ceux qui les côtoient, qui savent adoucir les tracas qui leur sont confiés, parfois au risque de trop en porter eux-mêmes.
Une main posée sur l’épaule
Au cours de ce chemin qui va de la chute à la renaissance, Gaëlle Josse entoure son personnage de douceur. L’auteur choisit les mots, les images, les souvenirs avec soin. Elle redonne à la vie « la présence, la vibration, la chair, le souffle. »
Le lecteur vibre avec Clara, ressent sa fragilité, son déséquilibre. Puis la suit dans ses errances, ses souvenirs. Jusqu’à ce que le temps, le souffleur de verre redonne des couleurs, de la structure à cette masse rouge en fusion qu’est la vie explosée.
Encore un très beau roman de cette auteure qui distille les émotions au travers des mots avec beaucoup de talent.
Commentaires
son écriture me touche toujours !
Moi aussi. J’ai noté son prochain titre à la rentrée
Une déception pour ma part, j’attendais un texte plus fort de la part de cette auteure.
Gaëlle Josse c’est plutôt une « force tranquille ». Beaucoup de douceur dans ses textes qui pourtant frappent fort les esprits, ou plutôt les coeurs