Titre : Les dangers de fumer au lit
Auteur : Mariana Enriquez
Littérature argentine
Titre original : Los peligros de fumar en la cama
Traducteur : Anne Plantagenet
Editeur : Editions du Sous-sol
Nombre de pages : 240
Date de parution : 13 janvier 2023
Douze nouvelles extraordinaires
Mariana Enriquez est une excellente conteuse, une ensorceleuse qui vous tient par l’envoûtement, la terreur. En peu de mots, elle fixe l’ambiance. Revenants, enfants morts, adolescents détraqués, malédictions nous plongent dans le fantastique. Derrière ces histoires courtes particulièrement addictives, l’auteur explore la part d’ombre de l’âme humaine. Dans La vierge des tufières, c’est la jalousie d’une bande de filles qui mène à l’irréparable. Le puits met en évidence l’égoïsme de la mère, de la grand-mère et de la soeur qui transfèrent leur malédiction sur Josefina, la seconde fille.
Fiction et histoire du pays
Pourtant derrière le côté macabre et fantastique de ces nouvelles, l’histoire de l’Argentine n’est jamais loin. Le caddie commence par une scène de rue dans un quartier qui ne vaut plus rien. Les habitants s’en prennent à un clochard qui pousse un caddie puis s’arrête pour déféquer sur le trottoir. Le mal-être social se retrouve aussi à Barcelone, dans un quartier d’immigrés argentins envahi par une mauvaise odeur.
Mais c’est aussi et souvent les histoires de jeunes femmes adultes hantées par les disparitions. Des jeunes gens sensibles pris dans leurs hallucinations, leurs blessures de jeunesse, influençables par les paroles d’une chanson.
La politique des enfants disparus hante toutes les mémoires. Et c’est dans la nouvelle la plus longue, Les revenants qu’elle s’illustre le mieux.
A l’image du personnage de Où es-tu mon coeur qui éprouve une jouissance à écouter les coeurs, le lecteur ressent ici quelques frissons jubilatoires à lire ces nouvelles.
Curieusement, la nouvelle qui donne le titre au recueil est la plus courte et la moins macabre. Elle ouvre un ciel étoilé dans un endroit plutôt sombre. Une promesse d’un monde meilleur dans un pays corrompu ?
Si ces nouvelles extraordinaires n’ont pas vraiment de chute spectaculaire, elles n’en sont pas moins maîtrisées et ensorcelantes.
Commentaires
Comme toi, j’ai été sous le charme de ces nouvelles. Mon billet bientôt.
Je surveille ton avis. Il faudra que je m’attaque à Notre part de nuit
J’ai adoré son autre recueil de nouvelles « Ce que nous avons perdu dans le feu » et je compte bien lire celui-ci !
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