Titre : L’Allemand de ma mère
Auteur : Catherine Clément
Editeur : Seuil
Nombre de pages : 224
Date de parution : 3 février 2023
Au coeur du drame juif
In utero, Catherine perçoit déjà les tressaillements de sa mère face au menace du nazisme. Raymonde avait pourtant veiller à taire ses origines. Élevée par des parents d’origine ukrainienne vivant dans la peur des pogroms, elle se marie en 1937 avec Yves, fils d’un couple chrétien, rencontré à l’école de pharmacie. Son père leur achète une pharmacie dans le sixième arrondissement de Paris.
C’est là que se présente le docteur Schütz, un juif allemand. Il a fui l’Allemagne où on lui interdisait d’exercer son métier. Attirée par Raymonde, il l’aide à échapper aux risques encourus par les juifs depuis l’annexion de l’Autriche par Hitler.
La vérité, c’est que le Führer peut faire ce qu’il veut avec les Juifs, le monde s’en moque.
Quand il revient vêtu de l’uniforme de la Wehrmacht, il continue à l’informer des projets d’Hitler et de Pétain concernant les juifs. Elle peut ainsi se cacher ou mettre à l’abri ses parents aux premières alertes.
Drame familial et universel
Avec un rythme soutenu, Catherine Clément alterne les étapes de la grande histoire de 1938 à 1945 et les conditions de survie de Raymonde, de ses parents réfugiés vers Saumur et de ses beaux-parents avec Catherine dans une propriété en zone libre.
J’ai aimé cette imbrication de faits précis historiques parfois assortis d’anecdotes peu connues et de moments champêtres d’une vie familiale qui continue malgré la guerre.
Le rythme s’accélère, scandé par les dates précises de crimes nazis jusqu’à la mise en place de la solution finale. On y retrouve des faits historiques bien connus mais Catherine Clément maîtrise cette touche personnelle qui donne à la rigueur de l’Histoire un côté très vivant et sensible.
Le récit est complet, précis, poignant avec des détails pointus, des moments de vie, des réflexions discrètes et pertinentes.
Une grande historienne romanesque que j’aime toujours lire.
