WauterTitre : Pense aux pierres sous tes pas
Auteur : Antoine Wauters
Littérature belge
Editeur : Folio
Nombre de pages : 240
Date de parution : février 2021.
Première parution : 2018 chez Verdier
Trouver sa joie dans l’enfance meurtrie
Un couple de paysans, usés par la pression des taxes et des quotas, élève péniblement Marcio et Léonora, deux jumeaux. Alors que Marcio doit trimer aux champs avec son père, Léo aide sa mère à la maison. Dans cette vie rude, il n’y a pas de place pour la tendresse et l’attention. Au contraire, Paps a souvent la main légère et Mams n’ouvre jamais les bras. Les jumeaux en manque d’attention trouve consolation dans des jeux incestueux irrépressibles. Mais lorsque Paps les découvre enlacés dans le fenil, les parents décident de séparer les enfants. Peps ira au nord du pays chez son oncle Zio Pepino. La séparation est douloureuse, surtout pour Marcio qui reste dans l’enfer familial.
Et est-ce qu’on sera un jour réparés ?
Léo connaît enfin la chaleur d’un foyer auprès de Zio et de sa cousine-femme, Madde. Elle trouve plaisir à travailler pour eux et de la joie en continuant ses jeux pervers avec les novices du Castel des Pères où elle retrouve son ancien voisin, Zbabou.
Abandonné par ses parents, Marcio ne tardera pas à la rejoindre.
Une fable politique
L’action se passe dans un pays imaginaire. Un pays coupé en deux avec le sud pauvre et agricole et le nord, plus riche et industriel. Plusieurs régimes politiques se succèdent, du communisme au capitalisme en passant par le populisme. Malgré l’ambiance, certains mots et concepts laissent penser que nous sommes à notre époque. La fable politique prend alors son sens avec la mort des milieux ruraux asphyxiés par les quotas. Et l’attrait de métiers urbains dans les salles de sport, les magasins de luxe des villes construites par le colonel Bokwangui guidé par la richesse. Ce qui crée un climat de révolte.
Des salons de coiffure, des piles de saucissons, des montagnes de chocolat blanc, hurlait-il en citant Bodeschou, cela n’a rien à voir avec le bonheur! C’est assez, non? On a suffisamment de routes er de béton comme ça. Assez de bruit. Assez d’objets. Assez d’emmerdes.
Après les coups d’éclat de Zio, Mama Luna, une guérisseuse, ramène le peuple paysan vers les plaines de l’enfance.
Une nature consolatrice
Les romans d’Antoine Wauters s’inscrivent souvent au coeur d’une nature généreuse et consolatrice. Si l’ambiance est ici plutôt sombre, les détails mettent les sens en éveil ( l’odeur de la menthe, le trissement des hirondelles, la couleur des fraises). Si les enfants sont guidés par un certain déterminisme, l’auteur montre aussi qu’il faut savoir cultiver sa joie pour accéder à la liberté.
Vous ne pouvez être que vous-même. Le changement n’existe pas vraiment… quoi que vous fassiez, quoi que vous perdiez, quoique vous acquériez, vous restez avec vos fantômes. Avec vos peurs couleur corbeau. Avec vos manques venus de l’enfance.
Est-ce que c’est triste?
Non.
Car vous restez aussi avec votre joie. Dans ce bonheur qui se cache, mais qui est le vôtre depuis toujours.
Perdu dans le temps et l’espace, mêlant les genres de Marcio qui se veut femme et Léo qui se masculinise, plombé par la violence parentale ou la folie des dictateurs, ce roman est assez surprenant . Mais il montre le chemin difficile de l’enfer vers le paradis. Car il faut parfois toucher le fond pour accéder au bonheur et à la liberté.
Lu dans le cadre du mois belge d’Anne et Mina
Commentaires
J’avais beaucoup aimé Mahmoud, du même auteur. je note ce titre paru en poche.
Prochain titre à la rentrée 👏 je constate que tu as pu mettre un commentaire. J’ai modifié mon cache mais j’ai l’impression que parfois ça marche et parfois non