Titre : Il faut se méfier des hommes nus
Auteur : Anne Akrich
Editeur : Julliard
Nombre de pages : 324
Date de parution : 5 janvier 2017

 

Cheyenne Cohen

Tout comme Anne Akrich, la narratrice, Cheyenne Cohen est née d’une mère polynésienne et d’un père juif tunisien. Elles ont vécu leur jeunesse à Tahiti (et ce n’est pas le seul point commun). Mais revenons-en à notre roman. Cheyenne et sa sœur jumelle Kaya sont victimes d’un inceste dans leur prime jeunesse. Plus tard, repérées pour devenir mannequins,  elles partent à New-York.
Là, Cheyenne, conseillère pour une série HBO, rencontre Saul Rosenberg, un agent artistique français qui l’emmène à Paris. Elle devient scénariste.
Lorsque les américains veulent faire un film sur la vie de Marlon Brando à Tahiti, Saul demande à Cheyenne d’écrire le scénario. Elle connaît bien les îles et en plus, elle porte le même prénom que la fille de Brando qui s’est suicidée à vingt-cinq ans. Anne Akrich manie assez bien l’humour noir !
Mais si Cheyenne accepte de retourner à Tahiti, c’est surtout pour soutenir sa soeur, ébranlée par l’annonce de la libération prochaine de leur oncle violeur.

Marlon Brando

Marlon Brando est né en 1924. Entre un père violent et une mère alcoolique, le  jeune garçon s’attache à sa nounou. Mais elle le quittera pour se marier et Marlon n’en guérira jamais.
Star hollywoodienne, il déteste pourtant ce milieu. Sur le tournage des Révoltés du Bounty, il découvre la Polynésie. Il tombe amoureux de Tarita et de son île paradisiaque. Elle devient sa troisième femme et lui donne deux enfants, Teihotu et Cheyenne. Brando, «  une âme de malheur faite avec des ténèbres. », comment faire de sa vie dépravée le scénario lumineux que réclament Saul et les américains ?

Comment cerner Brando ? Ce salaud. Ce grand acteur. Ce père épouvantable. Cet enfant qui ramassait sa mère alcoolique. Cette diva capricieuse. Cet obèse. Cette icône.

Anne Akrich montre combien un scénariste doit parfois se renier sous les diktats du monde cinématographique.

Brando le disait lui-même, cinéma et vérité n’ont jamais fait bon ménage.

Tahiti

Si Marlon Brando est l’homme aux deux visages, il en va de même pour Tahiti, premier personnage de ce roman. Si chacun connaît les paysages de rêve avec ses lagons bleus, les belles polynésiennes dansant le tamure, Cheyenne, perdue dans le fiu ( état permanent de mélancolie, de lassitude, de nausée  des Tahitiens ) montre l’envers du décor. A part quelques îlots de riches, la misère, l’alcool et la drogue envahissent les rues. Les viols y sont fréquents. La colonisation a privé les Tahitiens de leur récit, les condamnant à la misère et la nostalgie.

Comme Marlon, je voudrais sauver mon île de ses ennemis extérieurs, mais elle deviendrait alors la proie de ses ennemis intérieurs : totems et tabous, je ne donne plus cher de sa peau.

C’est sans aucun doute le plus bel aspect de ce roman que de découvrir cette île magnifique mais sans occulter la réalité de son double visage. La fiction reste alors le seul endroit où la vérité gagne le combat contre le mensonge et où on peut espérer voir la magie du rayon vert.

Personnellement, je ne suis pas très réceptive au style tragi-comique qui se prête pourtant bien au milieu du cinéma. Anne Akrich donne un rythme particulier à son récit avec des phrases courtes et en insérant des passages du  scénario de son personnage. Si je ne suis donc pas convaincue par la forme, j’ai aimé cette vérité des personnages et de la Polynésie.

Auteur

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Commentaires

belavalflorin
13 juillet 2024 à 17 h 06 min

Bonjour et bonnes vacances, si c’est ton cas. Quand j’avais 10 ans, à la suite d’un documentaire, je voulais aller vivre à Tahiti; plus tard, en France j’ai rencontré des tahitiens et j’ai changé d’avis: « colonisation », essais nucléaires…et contrairement aux idées reçues, le soleil ne brille pas toujours!
On m’a dit qu’il n’y avait pas d’oiseaux, ce qui me parait bizarre!
Sur Babelio, je vais avoir bientôt 5000 livres enregistrés: lus ou dans mon énorme pal. Pourtant j’attends tes avis sur la rentrée littéraire avant de me précipiter en librairie; je suis près de Cahors, pas de librairie à moins de 15 kms; mais il y a des boites à livres pleines de tentations! sinon j’attaque ma PAL.
Depuis novembre, j’ai cherché partout deux des livres achetés à Brive; ils étaient ici! les souris n’ont pas touché aux livres mais se sont régalées avec les croquettes de ma chienne et les graines de tournesol pour les oiseaux! Nous sommes arrivés le 8 mais j’ai peu lu tant il y avait de ménage (après gros travaux) et jardinage à faire.
Nous avons hérité d’une vieille maison de village à retaper mais j’y retrouve aussi la bibliothèque de mes parents…



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