Sur la route de jostein

Titre : Retour à Belfast
Auteur : Michael Magee
Littérature irlandaise
Titre original : Close to home
Traducteur : Paul Matthieu
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 432
Date de parution : 21 août 2024

 

Retour à Belfast

Après une licence en littérature à l’université de Liverpool, Sean revient dans son quartier de Belfast Ouest. Même avec des diplômes, les jeunes ne trouvent pas de travail. Sans rapport avec ses études, Sean travaille dans une boîte de nuit avec Ryan, un ami d’enfance. Lui aussi est une victime de la crise économique. Plaquiste, il s’est fait licencier pendant son apprentissage. Ensemble, ils squattent un appartement en passe d’être saisi. Que reste-t-il à cette jeunesse à part l’alcool, la drogue et la colère ?
Interpellé par des jeunes, Sean pète les plombs et envoie un coup de poing dans la figure de Daniel Jackson. Il écope d’une amende et de deux cent heures de travaux d’intérêt général. Les galères s’enchaînent et il est facile de se laisser entraîner sur la mauvaise pente de son ami Ryan.
Heureusement, son amour pour Mairead l’empêche souvent de sombrer même si la jeune femme refuse de lier son avenir à un jeune homme voué à l’échec dans les quartiers de Belfast. Elle, rêve de partir à Berlin.

La précarité de la jeunesse

Leurs parents portent en eux les blessures des Troubles. Notamment, dans ces quartiers populaires de Belfast où vit la famille de Sean. La mère de Sean a vécu un fort traumatisme dans sa jeunesse. Mariée à dix-sept ans, elle quitte son mari violent, emportant son fils Anthony. Sean naît quelques années plus tard d’un père dont il connaît peu de choses. Si ce n’est le mal qu’il a fait à Anthony, qu’il est menacé de mort par l’IRA et a refait sa vie.
Rien n’a changé dans les quartiers populaires malgré la promesse des accords de paix.

La femme qui avait organisé l’exposition s’est levée et a prononcé quelques mots pour expliquer que les communautés du Nord avaient été durement touchées par une situation de crise en termes de santé psychologique… Elle a raconté ds trucs pas inintéressants, cel dit, notamment sur le fait que ce n’était pas une coïncidence si on observait des taux de suicide beaucoup plus élevés dans les zones les plus gravement touchées par les Troubles : West Belfast, North Belfast, Creggan, Strabane, South Tyrone, South Arlagh. C’étaient les endroits qui avaient le plus souffert et, comme par hasard, c’étaient aussi les quartiers les plus pauvres, aujourd’hui encore, vingt ans après le début du processus de paix. Les gens étaient toujours fauchés, et leurs enfants se suicidaient.

L’espoir au bout des quartiers

Si tout semble se liguer contre Sean, ce dernier peut compter sur l’amour paternel de son grand frère. La présence, même lointaine, de Mairead est aussi un phare dans l’obscurité de ses galères.
Dans cette ville où l’on croise toujours les fresques de Bobby Sands ou de Carol Ann Kelly, où la virilité est de mise, dans cette société fracturée par les traumatismes des Troubles, comment un jeune homme peut-il s’en sortir ?
Et pourtant, il surveille de loin sa jeune demi-sœur qui appartient peut-être à une jeunesse qui pourrait tourner la page, celle d’un avenir possible.
Et surtout, cet ancien étudiant en littérature, rêve d’écrire. De s’échapper, de trouver une issue positive, guidé par le talent de Milan Kundera dont il trouve un roman dans une librairie d’occasion. L’insoutenable légèreté de l’être qui pourrait combler un vide et l’aider à trouver ce dont il a besoin. Un chemin vers l’apaisement, vers la littérature.

Dans ce roman largement autobiographique, Michael Magee illustre autour de personnages attachants et particulièrement incarnés, la difficulté de se reconstruire suite aux violences, aux traumatismes d’un pays longtemps en conflit.