Titre : Au-dedans
Auteur : Will McPhail
Littérature américaine
Traducteur :
Editeur : 404 éditions
Nombre de pages : 280
Date de parution : 18 janvier 2024
Une sensibilité palpable
Dès les premières phrases de remerciement ( en ouverture de l’album), je perçois la sensibilité à fleur de peau de l’auteur.
Et cela se retrouve dans le premier souvenir du narrateur, Nick Moss. Enfant dans ce parc aquatique, il aimait particulièrement rêver seul dans le « saladier final » pour « être soi-même. » et observer les autres.
Nick est un homme triste, un observateur nostalgique des gens qui l’entourent. Il souffre de solitude mais il ne parvient jamais à créer un vrai lien avec les autres. Peur d’entrer dans leur intimité ou de dévoiler la sienne. D’ailleurs quand il rencontre Wren, une jeune oncologue dans un bar, il craint l’attachement.
Un monde superficiel
Dans le métro, les gens ne se regardent pas. Les cafés ultra sophistiqués, surfant sur la vague consumériste, n’ont plus aucune âme. Nick aimerait avoir une vraie conversation avec sa voisine qui semble avoir de problèmes de couple, ou avec ce plombier qui vient réparer une fuite d’eau. Mais ce ne sont que des conversations d’usage sans aucune profondeur. Même avec sa soeur ou sa mère, Nick ne parvient pas à demander comment ça va réellement, ce qu’elles ressentent au plus profond d’elles-mêmes.
Parfois il tente une question ouverte et obtient une bribe de confidences. Alors les illustrations prennent de la hauteur, de la couleur. Pourtant bien vite, le feu d’artifice s’éteint.
Un album hyper touchant
Avec des illustrations très expressives en noir et blanc, des petits messages aux devantures des bars, l’auteur exprime la superficialité de notre environnement social.
Selvglad ( la version nordique de la suffisance). Pas tant un coffee shop qu’une vision de ce que serait votre vie si vous étiez véritablement heureux. Leur spécialité, un thé à base d’aiguilles de pin digérées par un campagnol préalablement digéré par une chouette, elle-même digérée par une magnifique veuve danoise.
Nick, toujours en phase d’introspection est particulièrement touchant. D’autant plus qu’il est confronté aux solitudes, aux difficultés, aux souffrances des autres. Mais chacun semble vivre ses peines de manière très individualistes. Alors que le partage des sentiments profonds pourrait nous aider à gravir des montagnes.
Texte et illustrations remarquables. Un très bel album.
Je remercie Babelio et les éditions 404Editions pour l’attribution de cet album lors de la dernière opération Masse critique.
Commentaires
Cet album semble très original sur le fond comme sur la forme. Encore une belle découverte !