greeneTitre : Dr Fischer de Genève
Auteur : Graham Greene
Éditeur: Robert Laffont Pavillons Poche
Nombre de pages: 188

Résumé:
Mais qui est donc le bizarre docteur Fischer, cet homme qui organise dans sa somptueuse demeure genevoise des réceptions pour lesquelles plus d’un hôte serait prêt à se damner ? C’est qu’il est riche, le docteur Fischer, immensément riche, de sorte que chacun se prête volontiers à ses caprices souvent cruels pour figurer parmi les destinataires de ses forts généreux cadeaux. Celui qui nous conte les extravagances de l’excentrique docteur Fischer n’est autre que son gendre, Alfred Jones, un quinquagénaire infirme qui a su conquérir le cœur Luise, la fille du docteur. Cette dernière a mis Alfred en garde contre son père, mais, poussé par la curiosité, celui-ci ne va pas tarder à se laisser prendre, à son tour, aux jeux maléfiques du docteur Fischer. Avec ce conte noir et cruel – l’un de ses derniers écrits-, Graham Greene dépeint une société corrompue par l’appât du gain. En moraliste désabusé mais combien lucide !

Mon avis:
Il est toujours intéressant de relire de grands écrivains disparus. Avec ce roman de Graham Greene, je ne fus pas déçue car
il s’agit d’une très belle analyse de la cupidité des riches.
Certes le Dr Fischer est assez antipathique et diabolique, mais est-ce lui le plus pathétique? Il joue avec la cupidité des
personnages afin de voir jusqu’où ces riches sont capables de supporter l’humiliation. L’auteur démontre ainsi que certains traits de caractère portés à leur paroxysme peuvent emmener certaines personnes très loin dans l’horreur (jusqu’à « s’asseoir à la table d’Hitler »).
Qui est responsable, celui qui manipule ou ceux qui acceptent de se plier à un tel jeu?
Ainsi, les invités sont assez caricaturés pour imager leur ridicule (cheveux bleus, posture en forme de 7, pleutre, raté…).
Peut-on trouver des excuses au Dr Fischer?
 » Le mépris vient d’une profonde déception. »
 » Mais si la chose avait été en mon pouvoir, je me serais vengé sur le monde entier de ce qui venait de se passer… »
Certes, on ne peut que détester le Dr Fischer et ses invités, mais que serions nous capable de faire suite à une blessure à
l’âme, suite à la perte ou la traîtrise d’un être cher? Comment gérerions-nous le mépris, la peine?
Le Dr Fischer est un homme en souffrance, ce qui n’excuse en rien son comportement.
Il est intéressant de voir les suggestions de lien entre le Dr Fischer et Hitler ou Dieu.
La mort, aussi est omniprésente dans ce livre. Peut-elle être une délivrance? En tout cas, elle modifie les
sentiments.
 » L’amour même change de caractère. Il cesse de signifier le bonheur et se transforme en un sens de la perte qu’on ne peut
endurer. »
Alfred Jones, face à ces gens riches, est le miroir de leur bêtise. Il n’est pas riche et peut donc s’offrir le droit de
résister au docteur. Il arrivera ainsi à lui faire prendre conscience de ce qu’il a réellement perdu.
Toutes ces réflexions sont mises en valeur par une histoire de famille. J’ai lu ce roman avec passion et en très peu de
temps. C’est une œuvre courte mais puissante qui laisse le lecteur dans un questionnement sur l’âme humaine.

 

Auteur

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