Titre : Standard
Auteur : Nina Bouraoui
Éditeur : Flammarion
Nombre de pages : 284
Date de parution : 8 janvier 2014
Auteur :
Nina Bouraoui est une écrivain française née en 1967 à Rennes, d’un père algérien et d’une mère bretonne. Le déracinement, la nostalgie de l’enfance, le désir, l’homosexualité, l’écriture et l’identité sont les thèmes majeurs de son travail. Elle est officier de l’ordre des Arts et des Lettres et ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues.
Présentation de l’éditeur :
Standard Bruno Kerjen avait la certitude que « le monde réel était fait d’hommes et de femmes à son image, qui pouvaient être remplacés sans que personne remarque la différence de l’un, l’absence de l’autre ». Employé d’une entreprise de composants électroniques, cet homme de 35 ans n’attendait rien de la vie. À l’occasion d’un week-end passé chez sa mère près de Saint-Malo, il recroise Marlène. La toxique Marlène de ses années de lycée. Bruno Kerjen, qui s’était comme protégé jusque-là d’éprouver tout sentiment, a désormais un rêve : Marlène. Portrait d’un antihéros de notre temps, d’un homme sans qualités replié sur lui-même, mû uniquement par la peur, Standard est aussi un roman tragique : un homme va chuter, inéluctablement et sous nos yeux, parce qu’il s’est décidé à aimer.
Mon avis :
Bruno Kerjen est un homme standard. Il fait partie « des mecs qu’on voit sans voir, qu’on fréquente sans aimer« . Il travaille à Supelec comme assembleur de cartes électroniques, un métier touché par la crise économique, en perte de vitesse depuis la concurrence chinoise. Sa vie se passe entre son métier où il n’a aucune ambition, son petit logement de Vitry où il contemple une fantomatique tache noire au plafond, reflet de ses sinistres pensées et quelques voyages dans sa Bretagne natale pour voir sa mère veuve depuis peu et son ami d’enfance Gilles, autre célibataire assez rustre et comparse de beuveries.
Sa mère trop attachante et soumise lui a donné le dégoût des femmes et ses activités sexuelles se résument aux conversations pornographiques par téléphone. La méfiance de son père a brimé toutes ses ambitions, suscitant plutôt la honte et la peur de l’échec.
Nina Bouraoui construit ainsi à longueur de phrases le portrait d’un anti-héros, symbole de la médiocrité des sociétés modernes. Bruno, » handicapé des sentiments » ressasse son pessimisme, travaille pour éviter l’ennui, s’enferme dans la routine pour ne pas être déçu et regrette la seule femme qu’il aurait pu aimer, Marlène, jadis la plus belle fille de son lycée.
» Marlène incarnait encore ses rêves, son désir, lui qui se sentait desséché, éteint de l’intérieur. »
Lorsque Marlène revient en Bretagne, seule avec un enfant de huit ans, sans avoir réussi à devenir la star que sa plastique pouvait lui promettre, Bruno se reprend à rêver. Marlène n’a rien perdu de ses atouts ni de son côté manipulateur et opportuniste.
» Elle faisait partie de ces femmes qui jouaient sur tous les tableaux sans choisir un numéro, mieux valait s’en tenir éloigné. Marlène menait tout droit à la souffrance, c’était un chemin cette fille, un chemin vers un mur, autant s’en défaire avant de s’écraser pour de bon. »
L’auteur quitte ici son univers habituel lié à son enfance en Algérie, laissant l’introspection et l’analyse des sentiments pour un récit moderne ancré dans la réalité économique et sociale de notre pays.
Le thème de l’anti-héros n’est pas facile à aborder mais Nina Bouraoui parvient à nous intéresser à son personnage. Toutefois, n’eut-il pas mieux valu moins insister sur la vie monotone et solitaire de Bruno et donner ainsi une plus large place à la sensuelle et vénéneuse Marlène et à ces retrouvailles fatales?
Commentaires
Tu veux ré-écrire le roman on dirait.
Ça m’arrive souvent quand je reste sur ma faim sur un point. Et je trouve que la phase où Bruno se perd dans la routine est trop longue par rapport à ces retrouvailles avec Marlène, qui est un personnage que j’avais envie de comprendre un peu mieux.
J’avais aimé « la voyeuse interdite »
Je ne le connais pas celui-là. Je note
J’ai lu un roman de Bouraoui que je n’ai pas aimé. J’hésitais pour celui-ci, je passe donc.
Avec ce roman, elle rompt avec son domaine habituel. Si tu n’avais pas aimé avant, celui-ci pourrait te plaire davantage. Mais je ne te force pas, bien évidemment.
Il ne me reste que quelques pages à découvrir ! C’est vrai que la 1ère phase est un peu longue. Mais quel anti-héros ! Je pensais même à un moment que les retrouvailles n’auraient pas lieu 🙂