diomeTitre : Impossible de grandir
Auteur : Fatou Diome
Éditeur : Flammarion
Nombre de pages : 406
Date de parution : 20 mars 2013

Auteur :
Fatou Diome est née au Sénégal. Elle arrive en France en 1994 et vit depuis à Strasbourg.

Présentation de l’éditeur :
Impossible de grandir Salie est invitée à dîner chez des amis. Une invitation apparemment anodine mais qui la plonge dans la plus grande angoisse. Pourquoi est-ce si « impossible » pour elle d’aller chez les autres, de répondre aux questions sur sa vie, sur ses parents ? Pour le savoir, Salie doit affronter ses souvenirs. Poussée par la Petite, son double enfant, elle entreprend un voyage intérieur, revisite son passé : la vie à Niodior, les grands-parents maternels, tuteurs tant aimés, mais aussi la difficulté d’être une enfant dite illégitime, le combat pour tenir debout face au jugement des autres et l’impossibilité de faire confiance aux adultes. À partir de souvenirs personnels, intimes, Fatou Diome nous raconte, tantôt avec rage, tantôt avec douceur et humour, l’histoire d’une enfant qui a grandi trop vite et peine à s’ajuster au monde des adultes. Mais n’est-ce pas en apprivoisant ses vieux démons qu’on s’en libère ? « Oser se retourner et faire face aux loups », c’est dompter l’enfance, enfin.

Mon avis :
Salie est invitée pour un dîner chez son amie Marie-Odile mais elle n’aime pas aller chez les autres, entrer dans une famille. Autant de peurs d’enfance qui ressurgissent et que la petite fille imaginaire qui l’accompagne, côté sombre de sa personnalité, symbole de son enfance aide à exprimer et comprendre.
Née à Niodor au Sénégal, hors mariage, fruit d’un amour de jeunesse de Nkoto et d’un beau lutteur, Salie est pour tous, sauf pour ses grands-parents qui l’élèvent et l’adorent, une fille illégitime.
Elle a un lien fusionnel avec sa grand-mère et son grand-père, pêcheur Serère, lui apprend l’autonomie, le courage, la dignité, la persévérance.
Obligée de servir d’esclave familiale chez sa tante pendant les vacances d’été, elle subit violence et humiliation, ce qui ne lui donnera que plus de rage pour sortir de ce milieu par l’éducation.
La France lui apportera un mariage vite rompu et la célébrité de l’écrivain et tout à coup l’intérêt de son oncle qui constate qu’il a tué la poule aux œufs d’or.
La plume de Salie devient alors son « épée d’Amazone« , elle retrouve ses racines de guerrière et de lutteuse pour défendre tous ces enfants illégitimes maltraités.
C’est un plaidoyer pour les femmes victimes de l’hypocrisie sociale. Elle s’insurge contre cette Afrique qui oublie son identité au profit des « mythes importés », contre les guerres, contre l’hypocrisie d’une certaine politique française.
Écrire sous l’influence de la Petite est sa meilleure thérapie.
Elle grandit enfin et ose « faire face aux loups« , affronter cette lignée matrilinéaire et surtout cet oncle qui a gâché sa jeunesse et voudrait une fois de plus lui faire la morale.
 » J’écris, parce que l’écriture me rend toutes les libertés et ne me coûte que les nuits, des nuits qui seraient peuplées de cauchemars, sans écriture. »
«  J’écris pour rendre la mémoire à cette Afrique amnésique, celle sans orgueil, si prompte à la conversion, qui renonce à son identité pour se laisser aveugler par des mythes importés, qui ne concerne en rien la culture négro-africaine. »
 » J’écris, contre tous ceux qui maltraitent ou ignorent les enfants, les bâtards, les orphelins,  et ne les aiment que pour profiter d’eux, lorsque, par miracle, ils survivent et deviennent utiles. »
Fatou Diome livre ici une partie de son enfance. Forte de sa culture africaine et de ses racines, elle nous parle de ses blessures d’enfance, de ses peurs d’adulte, de cette difficulté d’intégration dans la vie de ses amis.
Avec son style très imagé, ses références, les récits de son enfance sont passionnants. Je regrette toutefois que l’auteur se soit souvent perdue dans ses errances d’adulte, ses tergiversations mentales pour refuser cette invitation de cette amie strasbourgeoise.
En hommage à Paco de Lucia, décédé aujourd’hui, je précise que Salie parle en boucle d’une chanson de ce célèbre guitariste, Yo solo quiero caminar!

Un récit plus condensé aurait gagné en efficacité et en émotion.

J’ai lu ce titre en tant que jurée du prixocéans

Autres titres de l’auteur : Celles qui attendent

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

26 février 2014 à 17 h 11 min

Je n’ai encore jamais lu cette auteure mais je suis très tentée de la découvrir… Pas forcément avec ce roman là par contre !



26 février 2014 à 19 h 22 min

Encore un livre d’une auteure africaine qu’il faut que je rajoute dans ma PAL. J’ai d’ailleurs un peu honte car je n’ai jamais lu (ou je ne m’en rappelle pas) d’auteur-e africain-e. À corriger rapidement !



clara
27 février 2014 à 6 h 49 min

pas mon préféré de cette auteure mais un beau roman !



27 février 2014 à 9 h 30 min

Ce texte m’avait bouleversée !



    27 février 2014 à 12 h 42 min

    Il y a en effet une très belle montée en puissance dans ce récit jusqu’au « coup de gueule » de l’auteur qui ne laisse pas indifférent. J’ai juste peiné un peu au début suite aux trop nombreuses diversions face à cette hantise du dîner chez son amie.



28 février 2014 à 13 h 54 min

J’ai beaucoup aimé Celles qui attendent, mais celui-ci, je n’ai pas réussi à le lire…



    28 février 2014 à 18 h 17 min

    Il faut effectivement pouvoir passer les premiers moments assez troubles sur les états d’âme de la narratrice quant à cette fameuse invitation qui lui fait peur. Mais ensuite la thérapie individuelle pour extirper ses blessures d’enfance et la montée de son indignation Contre les violences faites aux enfants illégitimes sont assez poignantes. Je pense que le roman aurait gagné à être plus concis.
    J’avais préféré aussi Celles qui attendent.



28 février 2014 à 14 h 21 min

Encore une auteure à découvrir pour moi…



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