Titre : Les fantômes du vieux pays
Auteur : Nathan Hill
Littérature américaine
Premier Roman
Titre original : The nix
Traducteur : Mathilde Bach
Nombre de pages : 710
Date de parution : 16 août 2017

«  Quand Samuel était enfant et lisait une Histoire dont vous êtes le héros, il plaçait toujours un marque-page à l’endroit où il devait prendre une décision très difficile, de sorte que, si l’histoire tournait mal, il pouvait revenir en arrière et recommencer autrement. »

Malheureusement la vraie vie n’est pas ainsi faite. Pourtant, Samuel sait parfaitement où se trouvent les carrefours importants de sa vie : ce moment où sa mère a quitté le foyer, cet instant où il a perdu Bethany, la femme de sa vie, ce présent où il fuit une carrière de professeur désabusé pour se cacher dans le monde virtuel d’un jeu en ligne.

Jusqu’à ce qu’un avocat l’appelle au sujet de sa mère, Faye Andresen qu’il n’a pas vue depuis vingt cinq ans et qui est aujourd’hui accusée d’agression contre un candidat à la Présidentielle.
Voilà de quoi retourner dans le passé pour comprendre pourquoi sa mère en est arrivée là et surtout pourquoi elle l’a abandonné quand il était enfant.

Faye est la fille d’un norvégien qui a fui son pays pour des raisons mystérieuses mais en a gardé beaucoup de nostalgie et surtout la mémoire des légendes et fantômes de ce pays nordique. Une histoire de « nisse » et de porridge provoque chez la jeune Faye une première crise d’un mal qui ne la quittera plus.
«  Il y a ce genre de moment dans toute une vie, un traumatisme qui vous fait voler en éclats, et vous transforme à jamais. »
Alors qu’elle devrait épouser Henry, le fils d’un fermier voisin, romantique et un peu niais, Faye part au Cercle, une université de Chicago. Chicago, une ville qui fait peur et qui va connaître à cette époque (1968) de graves émeutes dans lesquelles Faye se retrouvent embarquée.
Petit à petit, nous découvrons cette partie cachée de la vie de Faye.
Et en parallèle, nous suivons aussi le passé de Samuel. Sa rencontre avec Bethany et son frère Bishop.
Autant de personnages dont nous n’avons au départ qu’une parcelle d’identité, puis que nous saisissons au fur et à mesure dans leur ensemble.
«  il n’y a pas une identité vraie cachée parmi de fausses identités. Mais plutôt une identité vraie cachée parmi de nombreuses autres identités vraies. »

Cette histoire romanesque des liens familiaux et amicaux prend forme dans une peinture assez caustique de l’Amérique des années 60 et de nos jours. D’un côté une révolte du milieu universitaire et hippie contre la guerre au Vietnam et de l’autre une jeunesse plongée dans le monde virtuel pour échapper aux routines du quotidien. Avec quelle que soit l’époque, la manipulation par les médias et politiques.
«  Le danger de la télévision, c’est que les gens commencent à voir le monde à travers cette unique goutte d’eau. »

 

Les fantômes du vieux pays est un roman qui allie une histoire romanesque, une excellente analyse des rapports humains et une vision satirique du monde moderne. C’est un pavé qui ne prend toute sa puissance que dans son entièreté. Il faut donc s’accrocher sur les premières centaines de pages, passer au-delà des détails des vies et passions de chaque personnage pour extraire la substantifique moelle. Personnellement, si les personnages de Pwnage, geek très attachant, et de Laura, étudiante détestable, sont intéressants, leurs émois m’ont moins intéressée et éloignée de l’intrigue principale.
Même avec quelques longueurs, il faut tout de même reconnaître que ce premier roman est fort bien maîtrisé.

Je remercie Babelio et les Éditions Gallimard pour cette lecture.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

19 août 2017 à 10 h 41 min

Hum, c’est bête à dire, mais un tel pavé, pour moi, c’est impossible à entrevoir sauf si je suis en vacances … pourtant les critiques sont bonnes (je t’avoue que les remarques sur les longueurs me font penser, peut-être à tort, que l’éditeur aurait pu couper un peu plus dans le gras. 😉 )



    19 août 2017 à 12 h 04 min

    Même si j’ai aimé ces personnages, personnellement j’aurais élagué sur les histoires de Pwnage et Laura.



      20 août 2017 à 14 h 15 min

      Coucou, je pense que les personnages secondaires sont une allégorie de certaines faces « honteuses » des États Unis, et qu’ils représentent une satyre du « rêve américain » qui en devient ainsi un contre modèle.



      20 août 2017 à 16 h 54 min

      Oui, très pertinent ! Ils ont bien évidemment leur place dans le schéma de l’auteur. Mais c’est sûrement ce qui peut perdre bon nombre de lecteurs en augmentant le volume du récit et en les perdants dans des récits secondaires. Même si j’ai aimé, c’est ce qui m’empêche, peut-être à tort de le recommander à un large public.



      20 août 2017 à 17 h 28 min

      Exact… Parfois les gros volumes plaisent, je pense notamment à l’affaire harry Quebert, dans la forme il lui ressemble un peu, les personnages secondaires abondent et il a fait sensation! Pour ma part je n’hésite pas à le recommander à tout le monde, je verrai bien les retombées 😅! Et puis j’oubliais l’essentiel : très belle chronique et très complète ! Bonne soirée à toi✨✨



19 août 2017 à 14 h 03 min

Le personnage de Laura est fascinant je trouve, un poil caricatural mais fascinant. Et ce premier roman est incroyablement ambitieux dans sa construction.



    19 août 2017 à 14 h 58 min

    Certainement et celui de Pwnage attachant. C’est pour cela que j’hésite à dire qu’ils sont superflus. A mon sens, l’histoire aurait pu s’en passer mais j’ai aimé les rencontrer.



19 août 2017 à 14 h 22 min

Pas certaine d’avoir envie de lire un pavé pour lequel il faut s’accrocher.



19 août 2017 à 15 h 12 min

Comme Leiloona, très tenant mais à part en vacances je ne pourrais pas m’y lancer !



20 août 2017 à 18 h 21 min

Merci pour cette critique ! Les thématiques me donnent bien envie, en plus, j’aime bien les pavés 🙂



26 août 2017 à 14 h 33 min

Je suis toujours attirée par les romans qui dépeignent les Etats-Unis. Celui-ci me fait donc de l’oeil 😉



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