Titre : Tant bien que mal
Auteur : Arnaud Dudek
Editeur : Alma
Nombre de pages : 96
Date de parution : 5 avril 2018
Ce n’est guère étonnant si le narrateur préfère écrire des romans pour enfants à la carrière d’enseignant ou d’avocat. Les ogres, les peurs d’enfant, il connaît. A sept ans, en sortant du catéchisme, il se fait aborder par un homme au volant d’une Ford Mondeo. L’homme à l’accent slave et à la boucle d’oreille a besoin d’aide pour retrouver son chat blanc.
« Ce qui s’est passé durant ces trente minutes, je refuse de m’en souvenir, je ne m’en souviens pas. »
L’enfant se crée des rituels pour conjurer le sort. Il apprend à apprivoiser les peurs, à « faire taire le monstre innommable » tapi au fond de lui. Son silence a peut-être coûté la vie à cet autre garçon retrouvé mort cent kilomètres plus loin. La victime culpabilise encore et toujours. Alors, il faut se faire mal physiquement pour faire taire la douleur morale.
L’écrivain a trente ans quand il reconnaît cet accent slave dans la voix de cet homme qui tient le pressing dans la rue de la boulangerie. Ne serait-ce pas le moment de prendre une décision, celle qui pourrait enfin lui faire tourner la page, lui faire « enfanter un horizon ».
Avec une pudeur extrême, Arnaud Dudek aborde un sujet poignant. Aucune malsanité, aucun besoin de chercher l’apitoiement. Le texte reste léger, voire parfois primesautier en insérant un paragraphe sur la meilleure façon de peler une banane ou les origines de la lettre anonyme.
Tant bien que mal est un court roman qui aurait pu être écrit par le narrateur comme un roman pour enfant. Il a la puissance du vécu et la douceur utile à faire sortir les silences des enfances meurtries.
Un très beau texte à ne pas rater.
Commentaires
Je note, ton avis donne envie.
Tout à fait d’accord