Titre : Fugitive parce que reine
Auteur : Violaine Huisman
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 246
Date de parution : 11 janvier 2018

Avec ce premier roman, Violaine Huisman offre un bel hommage à sa mère. Une fugitive, une femme insaisissable, « une sirène qui ne sait pas comment vivre dans le monde des humains », mais finalement, une reine, un saxifrage ( «  une fleur qui explose la roche ») tant elle dispose d’une force de vie malgré son parcours difficile.

Enfant non désirée, fruit d’un viol,  Catherine voit le jour en 1947. A la suite d’une méningite à l’âge de dix-huit mois, elle vit à l’hôpital jusqu’à l’âge de cinq ans. 

«  Pour fabriquer de l’humain, il faut le contact du corps, sa chaleur, son odeur, le bruit de son souffle… »

Rien de tout cela pour Catherine. Lorsqu’elle retrouve son père biologique, il se glisse dans son lit. Elle aurait pu trouver le bonheur auprès de Paul, un homme du Sud qui l’adore et l’aide à réaliser son projet d’ouverture d’une école de danse.

Mais Catherine, d’une beauté stupéfiante attire l’oeil des hommes. Elle tombe dans les filets d’un mondain intellectuel richissime. Elle, qui vient du Carreau du Temple, ne résiste pas au luxe et quitte le gentil Paul pour l’extravagant Antoine.

«  Avec Antoine la vie va devenir ce grand n’importe quoi dont elle a toujours rêvé, parce qu’ils peuvent se payer le luxe de faire du quotidien un bordel permanent… »

Même avec ses deux filles, Elsa et Violaine, Catherine mène la grande vie. L’alcool et les amphétamines la rendent violente. Elle enchaîne les aventures et les mariages ratés jusqu’à l’internement à Sainte -Anne.

C’est pourtant ses filles qui lui donneront la force de continuer.

« On n’a pas le droit de baisser les bras, ces bras qui entourent pour donner de l’amour à nos enfants quand ils appellent au secours. »

Le récit se découpe en trois parties. 

Violaine Huisman ouvre le roman avec sa perception en tant qu’enfant de dix ans alors que sa mère maniaco-dépressive est au creux de la vague. Au final, cette partie me semble un peu superflue.

La puissance narrative est surtout dans la partie centrale que j’ai préférée, celle qui déroule la vie de cette femme qui n’a jamais su choisir entre son rôle de mère et celui de l’amante.

La dernière partie concrétise l’hommage des filles devenues des jeunes femmes à une mère qui a voulu vivre son destin dans l’excès, le risque s’affranchissant de toutes les normes.

Ce premier roman, bel hommage  sensible d’une fille à sa mère, me laissera le souvenir d’une femme exceptionnelle, sulfureuse, se brûlant les ailes pour oublier ses blessures d’enfance.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

27 juillet 2018 à 12 h 28 min

Ah ça y est tu l’as lu ❤️ oui la partie 2 est centrale et puissante mais elle ne le serait peut être pas autant si l’auteure ne réussissait pas si brillamment le pari de réussir la première, décrire sans colère une femme de 50 ans folle et odieuse avec ses filles. Le message d’amour est présent dès la première ligne👌🏼



    27 juillet 2018 à 19 h 09 min

    Oui sûrement. Même si certains passages nous semblent moins utiles, ils contribuent à l’ambiance d’ensemble. Et effectivement, le message d’amour serait moins fort sans cette première partie.



27 juillet 2018 à 18 h 24 min

J’ai ressenti les mêmes émotions que toi. 🙂



28 juillet 2018 à 16 h 54 min

Un récit qui a l’air violent du point de vue des sentiments.



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