Titre : Trois gouttes de sang
Auteur : Sadeq Hedâyat
Littérature persane
Traducteur : Gilbert Lazard et Farrokh Gaffary
Editeur : Zulma
Nombre de pages : 192
Date de parution : 2 mai 2019 pour ce format Poche

Les dix nouvelles de ce petit recueil, écrites dans les années 30 nous plongent dans les délices des contes des mille et une nuits. Un peu de fantastique avec une momie qui reprend vie, de folie que trois gouttes de sang emportent vers la poésie, d’animalité qui souvent nous rapproche tant de l’humain. Des petites histoires, empreintes de la culture persane avec la religion et la vision du mariage, qui d’un détail nous plonge dans l’intimité d’une vie, d’un couple.

J’ai particulièrement aimé la construction de la première nouvelle qui donne son titre au recueil. Elle illustre tout le talent de l’écrivain.

Le chien errant, est une nouvelle touchante. De l’errance et la souffrance d’un chien, de ses sentiments si humains, nous sentons le parallèle évident avec l’homme abandonné à la rue.

La troisième nouvelle nous plonge dans les croyances et le surnaturel. Ne faut-il pas croire aux miracles? Nos vies en sont remplies mais nous n’y faisons pas souvent attention.

«  Je suis convaincu au contraire que tout évènement, si étrange soit-il, n’est jamais qu’un fait naturel, matériel, commandé par des lois que la science n’a pas forcément découvertes. »

Les nouvelles suivantes explorent davantage, non sans ironie, le fonctionnement du couple, le rapport à la religion.

«  Le pèlerin, dès l’instant où il fait son voeu et se met en route, même si ses péchés sont aussi nombreux que les feuilles d’un arbre, devient pur et satisfait. »

Le couple, souvent composé par les lois ancestrales, réunit homme mûr et jeune enfant qui quitte la violence des parents pour trouver les coups d’un mari. Mais derrière cela, il y a la détresse de femmes si habituées à la violence qu’elle la recherche, des filles laides qui ne peuvent prétendre au mariage si recherché  mais aussi la déchéance des hommes qui, parfois, se laisse prendre au jeu de l’amour.

«  Quel dommage que l’expérience vienne toujours trop tard pour qu’on ait le temps de s’en servir! »

Trois gouttes de sang est une lecture qui emporte vers les charmes de l’orient. Poésie, fantaisie, ironie composent des récits enchanteurs qui n’en illustrent pas moins la dure réalité des vies.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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