Titre : Cher lecteur
Auteur : Georges Picard
Éditeur : José Corti
Nombre de pages : 192
Date de parution : 5 octobre 2017
C’est un auteur qui m’a conseillé de lire ce livre. Ce qui est tout à fait logique puisque ce récit de Georges Picard rend hommage à ses deux passions : l’écriture et la lecture.
Je me suis sentie très concernée par ce texte, en ma qualité de lecteur assidu, voire boulimique. Tant de phrases correspondent à ce que je recherche et ce que je trouve dans la lecture.
« Le grand lecteur sait ce qu’il doit à la littérature : au moins d’échapper à la platitude d’une vie entièrement asservie à des préoccupations utilitaires faisant le sacrifice de la part rêveuse et poétique de l’être humain. Je ne crois pas qu’il soit facile de faire comprendre cela à quelqu’un qui ne lit jamais. »
Mais lire est aussi une manière de se mettre à la place des autres et de comprendre ce que l’on aurait pas vu par nous-mêmes. Une ouverture d’esprit qui mène à davantage de tolérance.
Un livre me convient si il m’apprend quelque chose et me touche.
« Ce qui m’intéresse dans la lecture, c’est ce qui élargit mon intelligence et ma sensibilité. »
Nous ne sommes bien entendu pas tous sensibles aux mêmes arguments. Parfois un hasard, une coïncidence nous rapprochent d’un texte. Parfois, nous surestimons un roman par attachement aux personnages. Le principal est d’émettre son propre ressenti.
« La littérature nourrit l’intelligence, celle de l’esprit et du cœur, en nous fournissant des connaissances vivantes, extérieures et intimes. A nous lecteurs, d’en extraire les idées et les émotions les mieux adaptées aux questions qui nous pressent. »
Tout comme l’auteur, je privilégie le texte à l’auteur. Certaines personnalités peuvent nous déplaire, certaines positions politiques peuvent nous outrager ( Céline ou Sade par exemple), il n’en reste pas moins que leurs textes sont remarquables.
Et, tout comme lui, je m’étonne souvent des titres qui se retrouvent en tête des ventes. Mais peut-être avec moins de vindicte que cet auteur lettré. Chaque lecteur a son univers et il n’est pas donné à tout le monde de lire des philosophes ou de la poésie.
Georges Picard défend son art à juste titre. Mais je me suis parfois sentie coupable, incompétente en tant que lecteur.
» Quand j’écris un livre, je sais qu’il restera toujours , entre le lecteur et moi, un résidu d’incompréhension. Ce quelque chose qui ne passe pas est peut-être ce qu’il y a de plus précieux dans l’échange. »
Je me suis sentie toute petite face à cet intellectuel. Parce que, oui, je lis beaucoup, peut-être trop. Oui, j’essaie toujours de terminer un livre et de dire ce que j’en pense. Honnêtement, simplement, à mon petit niveau.
« La valeur d’un livre tenant aussi à la qualité de la lecture. »
Heureusement, l’auteur s’aperçoit qu’il offusque parfois son « cher lecteur. ». N’y-a-t-il pas un peu de condescendance dans ce titre?
« Ohé, cher lecteur, ne t’en va pas, j’arrête ici mon prêche, je ne veux convertir personne, et surtout pas toi dont la patience à me lire est un gage suffisant. »
Mais, comme je lis énormément, j’ai un bon rapport avec l’altérité. Je comprends et je respecte la pensée sincère de l’auteur. Surtout envers une personne qui porte un tel amour pour les livres. D’autant plus que je trouve dans sa confession tant de vérités communes.
« La littérature, c’est d’abord le tempérament, la personnalité, avant la maîtrise technique. »
« Pourquoi écrire semble-t-il si angoissant à de bons lecteurs? »
« La clarté, ou plutôt une certaine clarté, c’est ce que les bons livres nous proposent. »
« Le souffle pour tenir sur cinq cent pages sans ennuyer ni digresser lourdement est donné à peu d’écrivains. Le talent d’être court en disant beaucoup est encore plus rare. »
A tous les lecteurs que vous êtes, les auteurs en herbe, il faut lire ce livre d’un homme qui éprouve une vraie passion pour les livres.
« L’expérience m’a confirmé que l’on écrit avec ce que l’on est, comme on lit avec ce que l’on est. Inutile donc de chercher à plaire. Un auteur finit toujours, rapidement ou lentement, par trouver ses lecteurs. »
Commentaires
Avec un tel titre et ta chronique, je ne peux qu’ajouter ce titre à ma wish list..
Merci pour ces extraits.
Comment ne pas lire ce livre après ta chronique ! Je le note sur ma liste.
« Tout comme l’auteur, je privilégie le texte à l’auteur. Certaines personnalités peuvent nous déplaire, certaines positions politiques peuvent nous outrager ( Céline ou Sade par exemple), il n’en reste pas moins que leurs textes sont remarquables. »
Cette phrase me fait réfléchir, et je me dis que je ne suis peut-être pas dans le juste. Pour des auteurs plus classiques (comme Céline effectivement), je prends le parti de ne pas m’attarder sur la personnalité de l’auteur. Mais pour des auteurs contemporains, j’ai beaucoup plus de mal à m’en détacher ! Il y a d’ailleurs des auteurs que je ne veux plus lire à cause de propos qu’ils ont tenu…
Il faut peut-être que je remette ma posture en question !
En son temps, les auteurs classiques devaient aussi gêner leurs contemporains. Avec le temps, nous ne gardons que le meilleur.
En ce moment, Houellebecq agace par ses propos. Même si on déteste cet auteur, Certains de ses romans passeront peut-être à la postérité. Entre parenthèses, je ne le lis plus non plus mais, parce que ses derniers romans sont à son image, me semble-t-il ( Georges Picard ne serait pas content de voir que j’émets un avis sur un livre que je n’ai pas lu).
Faut-il renier l’oeuvre de Michael Jackson? Vaste question.
Moi aussi, j’écarte certaines personnalités parce que ce que, à mon sens, ce qu’ils produisent ne vaut guère mieux que leurs propos.
C’est toujours intéressant quand un auteur devient lecteur et parle de sa passion pour les livres !
Une même passion des deux côtés du miroir
Vous faites oeuvre utile en faisant connaître ce livre, dont la richesse pourra essaimer dans l’esprit d’autres lecteurs.
Plusieurs commentaires indiquent un intérêt ce qui est assez logique parmi une population de grands lecteurs. Merci pour cette découverte