Titre  : Apprendre à parler avec les plantes
Auteur : Marta Orriols
Littérature catalane
Titre original : Aprendre a parlar amb les plantes
Traducteur : Eric Reyes Roher
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 256
Date de parution : 1 octobre 2020

 

L’année de la pensée magique , superbe récit sans pathos de Joan Didion, inspire de nombreux auteurs. Mais nous ne sommes pas ici sur une fade version catalane, même si nous suivons Paula Cid, médecin en néonatologie de quarante-deux ans, pendant une année après le deuil de Mauro, son compagnon.

L’originalité de ce récit tient en la dualité de la perte. Quelques heures avant sa mort dans un accident de la route, Mauro déjeunait avec Paula pour lui annoncer qu’il la  quittait pour une autre femme. « La douleur d’une épouse est différente de celle d’une femme que l’on vient de quitter. »

Deux balles coup sur coup : la mort et le mensonge.

La mort, Paula l’a côtoyée dans son enfance. Sa mère est morte d’un cancer quand elle avait sept ans. Elle en garde une blessure, un refus de s’engager dans le mariage et de faire des enfants, au grand regret de Mauro. Les enfants, ce sont ceux de  son métier, ces prématurés qu’elle arrache à la mort.

Son père, ses collègues, la famille et les amis de Mauro la plaignent d’un deuil qu’elle ne ressent pas comme eux. L’abandon de Mauro, elle n’en parlera à personne, sauf à sa meilleure amie Lidia.

«  Je suis tellement repliée sur moi-même, ressassant mes plaidoyers intimes, que j’en perds de vue le monde. »

Au travail , elle devient agressive envers des collègues. Elle ne supporte plus la présence affective de son père. Elle même lutte contre son besoin de rester en vie, d’être désirée. Si elle prend un amant, est-ce par amour ou pour se prouver qu’elle peut encore plaire, pour se venger de Mauro?

Elle sait que la solution n’est pas de trouver l’amour mais de se reconstruire. Et cela ne peut se faire qu’en affrontant la trahison de Mauro.

J’ai lu de nombreux livres sur le deuil avec chaque fois une appréhension. En lisant la chronique de Mumu, je craignais de lire une énième histoire de deuil et de reconstruction. Mais je me suis sentie proche de Paula. J’ai compris sa souffrance devant la trahison et sa frustration face à un dialogue devenu impossible.
Le roman commence avec l’accident de Mauro et le sauvetage de Mahavir, un prématuré que Paula tire du néant à force de caresses et de mots doux. En miroir, après un an de deuil, Paula doit laisser partir un prématuré de vingt-sept semaines. J’ai aimé cette image qui illustre le parcours de Paula, l’acceptation du deuil.
Le parcours est long et difficile mais en un an les plantes du balcon, celles que Mauro entretenaient avec amour, peuvent enfin refleurir.

Sans un réconfort tactile, il ne peut y avoir de développement physique et émotionnel complet.

Marta Orriols analyse avec précision les sentiments de son personnage. L’écriture est belle et le style très fluide. L’auteur soigne son environnement avec de belles descriptions de lieux, de souvenirs et des personnages secondaires peu présents mais rayonnants. Une lecture qui a  su me toucher.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

12 octobre 2020 à 15 h 07 min

J’ai surtout aimé la première partie et le travail de Paula, la confrontation dans celui-ci de la vie et de la mort. Mon regret que le livre ne tienne pas sur la distance, la fin m’a un peu déçue 🙂



    12 octobre 2020 à 15 h 43 min

    Je comprends et respecte ton avis. Personnellement il me semble que la progression est bien menée et logique. Cette histoire d’amour avec Quim est une réaction à chaud. Elle ne peut pas être sereine tant qu’elle n’a pas affronté la réalité de la trahison de son compagnon. La rencontre est nécessaire. La reconstruction ne pouvait passer que par cette étape.



13 octobre 2020 à 13 h 55 min

Quel beau message d’espoir sur ces moments difficiles.



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