Titre : Le colonel ne dort pas
Auteur : Emilienne Malfatto
Editeur : Editions du Sous-sol
Nombre de pages : 112
Date de parution : 19 août 2022

 

Un tableau de grisaille

Un colonel, un homme gris sans lumière au fond des yeux, arrive au centre de commandement, un ancien palais de l’ancien régime. Le général en charge des troupes du nord et de la Reconquête lui confie le poste de direction de la section spéciale. Ancien tortionnaire loyal envers l’ex-dictateur, il a pour mission de torturer les prisonniers pour leur tirer des informations. Il excelle en ce domaine. Mais, hanté par les fantômes de ses nombreuses victimes, le colonel ne dort plus. Le bourreau est une victime de ses atrocités.
L’auteur plante son décor dans la grisaille.

C’est cette époque de l’année où l’univers se fond en monochrome. Gris le ciel bas, gris les hommes, grises la Ville et les ruines, gris le grand fleuve à la course lente.

Un immense purgatoire

Au milieu d’un tortionnaire torturé par sa mémoire, d’un général sombrant petit à petit dans la folie, il y a la jeunesse de l’ordonnance. Ce jeune homme doit assister le colonel lors des séances de torture. Mais il reste en retrait, se récitant mentalement les lettres de sa mère. Manque d’expérience, un soupçon d’humanité restante. Le colonel s’en méfie.

Le doute est un dangereux virus qui se répand parmi les hommes et met en péril la victoire.

Un texte court, fondu dans la grisaille

Émilienne Malfatto est photographe et grand reporter ce qui influence son univers d’écrivain. Le décor est ici primordial. Nous sommes dans un pays de pluie, en guerre et les personnages se diluent lentement dans cet espace. La guerre fait de tout homme, même les plus innocents, des spectres gris, torturés, fous.
C’est un texte court, fort, bien écrit. Mais finalement, il ne m’en reste que cette grisaille. La brièveté, le flou, les personnages antipathiques ne permettent aucun attachement. Un bel exercice de style, un témoignage personnel, une autre expression de l’horreur de la guerre d’une photographe de talent qui a reçu le Prix Goncourt du premier roman pour Que sur toi se lamente le tigre ( Elyzad, 2021).

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

23 août 2022 à 12 h 16 min

J’avais beaucoup aimé Que sur toi se lamente le tigre. Mais celui-ci ne me dit rien.



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