Titre : Le cabaret des mémoires
Auteur : Joachim Schnerf
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 140 
Date de parution : 24 août 2022

 

Rosa

Rosa avait douze ans quand elle a été raflée à Paris avec sa mère. Sa famille avait fui les pogroms et trouvé refuge dans la capitale française. Si son frère a pu être caché par des voisins, Rosa et sa mère ont été emmenées à Auschwitz. Rosa a survécu à l’horreur. En rentrant en France, elle a préféré s’exiler au Texas.

La France, c’était le pays qui avait accueilli sa famille. Qui l’avait dénoncée. Là où survivaient les siens, les descendants de son frère à présent décédé. Et parmi eux ce jeune Samuel qui s’était mis à écrire.

A Shtetl City, elle a ouvert un cabaret où chaque soir elle raconte son enfance en Pologne, sa venue à Paris. L’histoire d’Auschwitz n’est qu’une succession de mots, une litanie sobre mais poignante. Les planches sont son mémorial, un lieu où elle rend hommage à son amie Jamia, morte à Auschwitz.

Toujours présente dans la mémoire

Samuel a été élevé avec l’histoire de sa grand-tante Rosa. Elle hantait les discussions des repas de famille. A neuf ans, Samuel invitait le spectre de Rosa dans ses jeux avec sa soeur Tania et son cousin Michaël. Déguisés en cowboys, les enfants partaient sur la piste de Shtetl City, la ville où Rosa avait installé son cabaret.
Plus tard, adolescent, l’esprit de Rosa planait sur le camp scout où Samuel rencontre Lena, sa future femme.

Rosa est toujours présente dans la mémoire de ceux qui l’ont connue. Malgré les coeurs meurtris, la rescapée suscite l’imaginaire des jeux d’enfants, guide vers l’amour, la chaleur humaine, la vie et la lumière.

Le devoir de mémoire

Au moment du récit, Samuel attend le retour de sa femme et de son premier enfant de la maternité. A sa mort, Rosa lui a envoyé les mots qu’elle n’a jamais pu dire. Cette histoire, il devra la raconter à son fils pour car le silence crée les névroses.

Quand demain reviendra la lumière, nous serons orphelins. Sans leurs mains, à celles et à ceux qui tremblaient lorsque venait le moment de conclure, sans leurs visages si sereins qui en disaient plus long sur l’horreur que les mots répétés de repas en repas, de classe en classe, de conférence en émission.

Nous sommes les garants des histoires racontées par les rescapés des camps. Nos enfants ne connaîtront pas les mains qui tremblent, les regards perdus, les stigmates de l’horreur sur les visages. Plus que jamais, il est pourtant essentiel de transmettre cette mémoire pour que l’horreur ne se reproduise pas.

Qui sommes-nous quand les aînés ne sont plus là pour désigner le passé ?

Un livre essentiel. Son style et son émotion en font un témoignage utile qui restera dans les mémoires des jeunes générations.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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