Titre : Nous nous aimions
Auteur : Kéthévane Davrichewy
Editeur : Sabine Wespieser
Nombre de pages : 152
Date de parution : 25 août 2022

 

L’ombre de l’exil

« Dans l’avion, Kessané flotte au confluent de ses deux mondes, des deux Kessané. »

Daredjane, danseuse des ballets de Géorgie rencontre Tamaz à Paris. Le jeune homme, dont les parents avaient quitté la Géorgie en 1921,  est né dans la capitale française. Ils auront deux filles, Kessané et Tina.
Daredjane tient à ce qu’elles connaissent leurs grands-parents et sa terre d’origine, l’Abkhazie. Aussi vont-elles chaque été en Géorgie. Et chaque fois, au retour, la fouille par les douanières est humiliante.
En Géorgie, Kessané aime se promener avec Othar. Elle en est peut-être amoureuse mais elle est si jeune. Et de retour en France, elle reprend sa vie de lycéenne avec son amie Béatrice.

Trois femmes meurtries

En 1918, la Géorgie a connu trois années d’indépendance. Elle a ensuite été réintégrée à l’Union soviétique. En 1993, après une nouvelle période d’indépendance, elle est à nouveau en conflit avec la Russie. Othar s’engage pour défendre son pays. De nombreux Géorgiens sont horriblement massacrés. Othar et son père sont portés disparus. Brebia, la mère de Daredjane meurt au cours des évènements. En France, Daredjane
et sa famille suivent cette actualité avec angoisse. L’histoire de la Géorgie souvent évoquée dans les romans de Kéthévane Davrichewy trouve cette fois un écho avec l’actualité.
Plus tard, nous retrouvons Daredjane dans la maison provencale de Kessané.  Elle pleure son mari disparu et se désole de la brouille de ses deux filles.
Que s’est-il passé entre les deux soeurs?
Entre passé et présent, l’auteur tente d’expliquer comment chacune de ces trois femmes se sont retrouvées confrontées à la solitude.

Le mal de l’Abkhazie la poursuivra, comme il poursuivra sa mère et sa soeur, et elles sont incapables de se consoler mutuellement.

La mer noire

J’avais beaucoup aimé le premier roman de Kéthévane Davrichewy, La mer noire. Nous retrouvons ici le même sujet : l’exil et l’importance des souvenirs qui dirigent ensuite le destin de femmes privées d’amour comme de leur jeunesse disparue.

Je me souviens que nous nous aimions.

Mais aujourd’hui, Kessané a tout perdu. Son père, sa meilleure amie, son mari, son amour de jeunesse et le soutien de sa mère. J’avoue ne pas avoir bien saisi le comportement de Daredjane. Mais le destin de la Géorgie, les souvenirs d’enfance, la douleur de l’exil ont laissé ses empreintes sur les personnages de ce nouveau roman. Et comme bien souvent, la difficulté d’en parler ternit les relations familiales.
Peut-être pas le meilleur roman de l’auteur. Surtout parce qu’elle a déjà exploité ce sujet. Mais un très beau roman qui résonne aujourd’hui avec la douleur du peuple ukrainien.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

1 septembre 2022 à 14 h 37 min

J’avais beaucoup aimé La mer noire également. A voir pour celui-ci.



Patrice
2 septembre 2022 à 8 h 22 min

J’avais lu pour ma part « L’autre Joseph » qui m’avait beaucoup plus à l’époque. Merci pour cette suggestion de lecture, je note également « La mer noire ».



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