Titre : Open water
Auteur : Caleb Azumah Nelson
Littérature américaine
Traducteur : Carine Chichereau
Editeur : Denoël
Nombre de pages : 208
Date de parution : 24 août 2022

 

Un coup de foudre

Le narrateur, photographe d’origine ghanéenne, vit dans le sud-est de Londres. Lors d’une soirée, il rencontre une danseuse et il en tombe immédiatement amoureux. Ils ont beaucoup de points communs. Eduqués dans des écoles fréquentés par des Blancs, ils ont appris à se plonger dans une passion pour rester sain d’esprit.
Leur histoire est belle. Longtemps platonique, intellectuelle, elle devient charnelle. La séparation est douloureuse et les attentes sont longues lorsque la danseuse doit vivre à Dublin pour son travail.

Vous êtes pareils à un  duo de musiciens de jazz, improvisant sans cesse. Peut-être bien que vous n’êtes pas des musiciens mais que votre amour se manifeste à travers la musique. Parfois, lorsque tu poses la tête dans son cou, tu sens battre son coeur façon grosse caisse. Ton sourire est un piano à queue, cette lueur dans ses yeux, c’est le miroitement des mains qui caressent les touches d’ivoire. Le grattement rythmé d’une contrebasse, la grâce naturelle qu’elle a reçue, elle bouge son corps d’une manière stupéfiante. Deux solistes qui mènent des conversations si harmonieuses qu’ils ont du mal à se séparer. Vous n’êtes pas les musiciens mais la musique.

La peur comme une blessure intime

Tu parles et tu t’aperçois qu’en ralentissant le débit, ça te permet de respirer. C’est une étrange tournure de phrase, tu trouves, ça te permet de respirer, c’est comme demander l’autorisation pour une chose si naturelle, la base même de la vie; c’est à dire demander l’autorisation de vivre.

L’auteur excelle à nous faire ressentir cette peur omniprésente, inscrite dans le corps et l’esprit du narrateur.

Quelle est étrange cette vie que vous menez, toi et les autres Noirs, toujours observés et invisibles, à la fois, toujours sur écoute et sommés de se taire.

De quelques flashes, on en comprend les origines. Une scène de violence lors de l’enfance, des contrôles d’identité fréquents dans les rues de Londres, des épisodes d’agression dans les rues et surtout, le souvenir de Daniel.

Un roman profondément mélancolique

J’ai ressenti de la douleur à la lecture de ce roman. Parce que le narrateur s’enferme avec ses démons. Il est incapable de se confier à celle qui, pourtant l’écoute et peut le comprendre.
L’art et surtout la musique sont très présents dans ce roman. On trouve une référence à Lynette Yiadom-Boakye, une peintre ghanéo-britannique.

Elle peint des personnes noires, mais toutes sont imaginaires- ce qui, quand on les regarde attentivement, est difficile à croire. Quand elle peint, elle extériorise son intériorité, ce que les Noirs n’ont pas souvent la possibilité de faire.

On trouve aussi les oeuvres de Sola Olulode. Des tableaux colorés qui expriment la joie.

Le rap, le beat sont omniprésents. Le rythme de la musique noire est la meilleure expression de ce qu’est l’identité noire. Mais il y a toujours cette ligne de basse mélancolique.

Un premier roman

Ce premier roman est une belle réussite. Certes, un peu sombre, avec quelques passages un peu éthérés. Mais cela ne m’a pas empêchée d’adhérer pleinement à cette lecture. Les sensations, les peurs du narrateur restent longtemps dans l’esprit. Et j’ai adoré découvrir des musiques, des films, des peintres, des photographes lors des pérégrinations de ce couple dansant un jazz poétique et mélancolique.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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